Interview Jorge Torres Pereira
Jorge Torres Pereira
Ambassadeur du Portugal en France
– Le 10 juin, c’est le jour du Portugal, de Camões et des communautés portugaises. Depuis quelques semaines, le Portugal a passé plus de temps en démocratie qu’en dictature. Quel bilan tirer des 48 années qui viennent de s’écouler ?
Un bilan très positif. Il n’y avait auparavant pas de vie politique démocratique, et nous étions en guerre sur plusieurs fronts dans les colonies. Le Portugal était isolé internationalement, nous nous étions rapprochés de l’Europe, via EFTA, mais nous courrions le risque de voir l’intégration européenne se faire sans nous ; les chiffres de notre développement économique et social n’étaient pas brillants. Le chemin que nous avons parcouru ces dernières décennies est remarquable, même avec des périodes de crise que nous avons dépassées avec résilience et détermination. Comme l’a rappelé le Premier ministre António Costa le 23 mars, soit le 17.500ème jour vécu en démocratie (dépassant ainsi les 17.499 jours qu’a comptés le régime de l’‘Estado Novo’), il est très important de ne pas baisser la garde : « la liberté et la démocratie sont toujours des œuvres inachevées et ne sont jamais immunes aux menaces ».
Oui, il y a un nouvel essor des populismes, comme un peu partout en Europe, et une guerre à nos portes, mais force est de constater qu’un long chemin de progrès a été parcouru, soutenu justement par le choix européen que les Portugais ont fait, le Portugal faisant partie de l’Union européenne depuis 1986. Il y a toujours de nouveaux défis et enjeux d’actualité qui s’installent au cœur du débat politique et qui mènent à un enrichissement et à un approfondissement de notre vie démocratique. Ces sujets sont également abordés dans la dynamique de la Saison France-Portugal. Et on peut noter que notre la Constitution, issue de la Révolution des Œillets, a bien compris que la culture était l’un des enjeux de la démocratie. Comme en France d’ailleurs, on a « constitutionalisé » le droit à la culture. La Saison s’inscrit donc dans ces idées que partagent nos deux pays : celles de la démocratisation de l’accès à la culture et de la promotion de la liberté de création de nos artistes.
– La Saison France-Portugal arrive à mi-parcours, quel premier bilan pouvez-vous en tirer ?
A mi-parcours, le public est venu nombreux, ce qui témoigne qu’ils ont bien accueilli la programmation dans le domaine de la culture, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et scientifique, comme l’a par exemple montré le « Forum Océan » qui s’est tenu au Muséum national d’Histoire naturelle par ailleurs une étape dans la préparation du sommet des Nations Unies sur les Océans qui aura lieu à Lisbonne fin juin. Les cinq axes autour desquels la Saison a été dessinée ne sont pas sans rappeler des sujets importants qui nous concernent tous : « Un océan commun à préserver », « Une société plus inclusive, pour l’égalité de genre en Europe », « Une jeunesse innovante et engagée », « Des liens de proximité et d’intimité » et « Création contemporaine et Europe de la culture ».
Les événements organisés par le Portugal et la France se tiennent dans plus de 80 villes françaises, ce qui permet une mobilisation de très nombreux partenaires ; la couverture géographique nous permet de toucher un vaste public.
– Dans quelle mesure pensez-vous que cette Saison va contribuer renouveler l’image du Portugal en France ?
Je crois que ce ne sera pas une surprise pour beaucoup que l’image du « Portugais toujours gai », et la tentation de nous voir comme très gentils mais un peu en retard par rapport aux plus récents développements du monde, ne rendent pas justice à la réalité du Portugal contemporain.
La Saison permettra donc de renforcer cette prise de conscience que nous avons vraiment changé. Que nous avons réussi à relever le pari qui consiste, pour tous les pays dotés d’une longue histoire, à assumer de se réinventer, en embrassant, en tant que nations, la modernité et le progrès hors de nos « zones de confort », mais sans renier notre authenticité. L’offre de la Saison en évènements, dans toutes ses dimensions, de la science aux arts, des lettres à l`économie politique, constituent un puzzle qui dessine un Portugal attrayant, espiègle et sérieux en même temps, en relation complice avec une France également éprise de ses atouts et de sa modernité.
Je pense que la Saison contribuera donc à montrer le pays que le Portugal est devenu : un pays attaché à ses racines, une démocratie européenne, très moderne, avec une production culturelle de renommée mondiale, un puissant écosytème de start up, un pays qui est à la pointe de la technologie sur plusieurs domaines et dont l’offre en études supérieures est très bien placée dans les classements internationaux.
– Et l’image de la France au Portugal ?
A ce sujet, la grande contribution de ces dernières années a été l’essor impressionnant de la présence de visiteurs français au Portugal, incluant une communauté toujours croissante de résidents français. Nous connaissons mieux les Français qu’auparavant -on prétend même que les habitants de certaines métropoles françaises, qui ont la réputation d’avoir des difficultés avec la convivialité en société, deviennent très gentils quand ils sont chez nous ! Nous sommes plus curieux, plus ouverts à votre offre culturelle et sociétale. La Saison ne peut qu’amplifier cela.
– La communauté portugaise en France est très présente, avec un tissu associatif très dense et actif, qu’est-ce qu’une Saison peut selon vous apporter aux luso-descendants ?
Je crois que, d’un côté, la Saison peut stimuler l’action des associations de luso-descendants et des Portugais en France qui voudront faire partie de la fête, et pour ainsi dire les faire émerger d’un profil qui reste très discret au sein de la société française. D’un autre côté, la Saison permet aussi de renforcer, à travers ce que les artistes et chercheurs portugais nous montreront ici, le dialogue permanent entre le Portugal de « là-bas » et la communauté portugaise résidente en France, notamment en impliquant davantage les jeunes. La Saison leur montre un Portugal européen, démocratique, très moderne, dont ils peuvent être fiers, qui ne leur est pas inconnu et qui leur parle des choses qui les intéressent, comme le bien-être de la planète notamment. Certains se sentiront comme devant un livre que nous aimons relire, pour beaucoup ce sera une redécouverte.
– Le Président de la Saison France-Portugal 2022 et ses deux commissaires ont travaillé en étroite collaboration pour construire une programmation commune. Comment définiriez-vous le rôle de l’Ambassade du Portugal en France et de l’Institut Camões dans cette organisation ?
Quand nous avons pris la décision courageuse de tout faire simultanément, c’est-à-dire d’avoir des évènements qui ont lieu en France et au Portugal pendant tout le temps de la Saison, au lieu de deux périodes distinctes, les Commissaires ont été obligées d’être en rapport constant et permanent. Le Président, de par son histoire personnelle et son engagement culturel, a encore rajouté à cette interconnexion d’idées et d’initiatives. L’Ambassade fait partie de ce réseau dynamique qui est une espèce d’Intelligence artificielle qui reçoit et gère les informations arrivant de toutes parts, des institutions, des acteurs culturels, des publics, des médias. L’Ambassade du Portugal en France, l’Institut Camões, ainsi que le GEPAC du ministère de la Culture sont les partenaires portugais de l’Institut Français dans la construction, la mise en place et l’accompagnement de la Saison avec les deux Commissaires et son Président. Nous travaillons en très étroite articulation, je peux même dire en presque symbiose.
– La France et le Portugal sont des alliés de longue date au sein de l’Europe, en quoi est-ce symbolique d’avoir voulu cette Saison entre les deux présidences de l’Union européenne ?
Je dirais que c’est de plus en plus évident que les deux États et ses dirigeants partagent «une certaine idée de l’Europe » ; il en ressort un alignement clair et presque parfait de la façon dont, un an plus tard, le Portugal et la France, entendaient contribuer pendant leurs présidences respectives du Conseil de l’Union européenne, à l’avancement d’un projet au service d’une Europe ouverte au monde, confiante dans le modèle social européen, proche des préoccupations majeures de ses citoyens, extrêmement attentive à la nécessité de mener des politiques qui prennent en compte le changement de paradigme du fonctionnement de nos économies avec la révolution numérique, et le besoin de mener à bout une urgente transition écologique. Tout cela, et le rôle particulier que la culture peut jouer dans le façonnement du projet européen, rendait très attrayante l’idée d’une « Saison croisée » dans cette période « entre-présidences ».
– Qu’est ce qui caractérise selon vous les relations entre la France et le Portugal ?
Un esprit d’alliance née des valeurs que partagent nos deux pays, comme l’a rappelé le Président de la République portugaise à l’Elysée lors de l’inauguration de la Saison. Une proximité historique également. Nul ne peut nier l’influence de la culture française au Portugal. La première dynastie du Royaume du Portugal était d’origine bourguignonne. Le libéralisme, nous l’avons reçu en partie grâce à l’action de Napoléon. La France a beaucoup inspiré nos écrivains et nos peintres au 19ème siècle. Ce n’est pas non plus une coïncidence si en 1910 le pays change de nom et de régime et adopte la désignation « République portugaise » qu’il porte encore. Finalement, le Portugal a suivi la France dans le choix européen et dans le choix démocratique. Et il y a aussi le lien particulier qui résulte de la présence d’une très importante communauté de Portugais et luso-descendants en France, qui rend encore plus fluide la relation entre les deux sociétés. Cet esprit, cette proximité, ce lien ont bâti une amitié. Oui, la Saison est quelque part le prolongement culturel de cette amitié inébranlable qui est à la fois politique, économique, historique et même axiologique.
– Si vous deviez recommander quelques événements à venir de la Saison France-Portugal 2022, quels seraient-ils ?
Poser cette question c’est un peu comme demander à un diplomate quel club de football il trouve le meilleur, ou à un parent quel est son enfant préféré ! Les manifestations de la Saison sont si nombreuses qu’il m’est difficile d’en nommer juste deux ou trois. Chacun de nous a ses arts ou discipline préférées et je vous assure qu’il y a des évènements pour chacune de nos idiosyncrasies. Qui plus est, nous ne sommes qu’à mi-parcours. Une des qualités de la programmation est de permettre jusqu’à fin octobre d’innombrables découvertes, à Paris et en région. J’invite les lecteurs et lectrices de cette newsletter et ceux et celles qui sont abonné.es à la « newsletter » du Camões à bien regarder les suggestions qui y sont faites. Et notre participation aux grands festivals gastronomiques ne doit pas être oubliée…
– Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de cette Saison ?
J’aimerais qu’on retienne la chaleur optimiste, l’empathie élégante, la grande intelligence émotionnelle, la créativité aventureuse et le sens de fête qui ressortent lorsque Français et Portugais ont un projet commun de cette envergure. Dans la mer de l’Europe, et par le monde, nous pouvons naviguer ensemble.
Pedro Costa
Né à Lisbonne en 1959, Pedro Costa est réalisateur, scénariste et directeur de la photographie . Il quitte ses études d’histoire pour assister aux cours du poète et réalisateur António Reis à la Escola Superior de Teatro e Cinema, dont il deviendra l’une des figures marquantes.
Ses images, dont les clairs obscurs rappellent Le Caravage, ses personnages, issus des communautés défavorisés à qui il donne voix à travers ses fictions, marquent profondément, imposent son style.
Après avoir travaillé comme assistant pour plusieurs réalisateurs portugais dont Jorge Silva Melo ou João Botelho il réalise son premier film O Sangue, projeté à la Mostra de Venise en 1989. Casa de Lava, son deuxième film tourné au Cap Vert, est présenté à Cannes en sélection officielle, Un certain regard, en 1994. En 1997 avec Ossos, il débute une série de films autour du quartier pauvre de Fontainhas à Lisbonne. Une infirmière y accompagne un maçon cap-verdien plongé dans le coma dans son île d’origine. Ossos remporte en 1997 le prix de la photographie de la Mostra de Venise.
Ce film marque sa rencontre avec Vanda Duarte, au centre de son film suivant Dans la chambre de Vanda en 2000 . A partir ce film, il choisit de tourner en numérique, s’affranchissant des productions lourdes et s’offrant par là-même une liberté de création.
En avant jeunesse (2006) est aussi tourné avec les habitants de Fontainhas et avec le personnage de Ventura en particulier. Ventura est également le personnage principal de Cavalo Dinheiro en 2014.
Vitalina Varela est présenté en 2019 au festival de Locarno où il obtient le Léopard d’Or du meilleur film et le Léopard de la meilleure actrice.
Pedro Costa a également réalisé deux films sur le travail de création : Où gît votre sourire enfoui ? sur le couple de réalisateur-rices Danièle Huillet et Jean-Marie Straub et Ne change rien sur Jeanne Balibar et Rodolphe Burger.
En 2018, il conçoit pour le musée Serralves à Porto un accrochage et une programmation intitulés Compagny qui juxtaposaient, entre autres, Portrait d’un noirde Géricault, des œuvres de Picasso, Max Beckman, des photographies de Walker Evans et ses propres vidéos ainsi que celles de Godard, Straub-Huillet ou Chantal Akerman. Les œuvres projetées comprenaient des films de Murnau, Lang, Tourneur, Hawks, Griffith, Ozu, Ford, Resnais…
FILMOGRAPHIE
- 1989 : Le Sang (O Sangue)
- 1995 : Casa de Lava
- 1997 : Ossos
- 2000 : Dans la chambre de Vanda (No Quarto da Vanda)
- 2001 : Où gît votre sourire enfoui ? (documentaire de la série Cinéma de notre temps, sur le montage d’une deuxième version de Sicilia ! de Straub et Huillet)
- 2006 : En avant, jeunesse ! (Juventude Em Marcha)
- 2009 : Ne change rien
- 2014 : Cavalo Dinheiro
- 2019 : Vitalina Varela
Photo Pedro Costa©Jussi Leinonen.
Ângela Ferreira
Ângela Ferreira est née en 1958 à Maputo au Mozambique. Elle vit et travaille à Lisbonne, enseignant les beaux-arts à l’Université de Lisbonne, où elle a obtenu son doctorat en 2016. Le travail de Ferreira porte sur l’impact continu du colonialisme et du post-colonialisme sur la société contemporaine, une enquête menée à travers une recherche approfondie et la distillation des idées dans des formes concises et résonnantes.
Elle a représenté le Portugal à la 52e Biennale de Venise en 2007, poursuivant ses investigations sur les manières dont le modernisme européen s’est adapté ou non aux réalités du continent africain, en retraçant l’histoire de la Maison Tropicale de Jean Prouvé.
L’architecture sert également de point de départ à l’approfondissement de sa longue recherche sur l’effacement de la mémoire coloniale et le refus de réparation, qui trouve sa matérialisation la plus complexe dans A Tendency to Forget (2015) portant sur le travail ethnographique du couple Jorge et Margot. Dias. La fresque de l’unité panafricaine (2018), exposée au Maat Museum de Lisbonne et au Bildmuseet, Umea en Suède a été conçue, de manière rétrospective et introspective, pour « l’ici » et le « maintenant ». En plus de sa propre trajectoire, d’autres histoires biographiques sont à la fois racontées, exposées et cachées dans cet ouvrage.
Dans Dalaba: Sol d’Exil (2019), une œuvre centrée sur Miriam Makeba, l’une des figures les plus importantes de la lutte contre l’apartheid, Ferreira a créé des pièces sculpturales basées sur les éléments architecturaux du bâtiment d’exil où Makeba a vécu à Conakri, presque comme un prototype de la relation entre les architectures vernaculaires modernistes et africaines.
Ses hommages sculpturaux, sonores et vidéographiques n’ont cessé de faire référence à l’histoire économique, politique et culturelle du continent africain tout en récupérant le travail et l’image de figures inattendues comme Peter Blum, Carlos Cardoso, Ingrid Jonker, Jimi Hendrix, Jorge Ben Jor, Jorge dos Santos, Diego Rivera, Miriam Makeba, Angela Davis ou Forough Farrokhzad.
En France elle a été invitée en 2016 par Muriel Enjalran au CRP / Centre régional de la photographie, Hauts-de-France, et en 2021 par Corinne Diserens, Marie Menèstrier et Guillaume Breton au Centre d’art Ygrec à Aubervilliers et à l’Abbaye de Maubuisson, centre d’art contemporain du Val d’Oise. Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives à travers le monde, jusqu’à l’exposition Tout ce que je veux au CCC OD à Tours en 2022.
En juin, s’ouvre son exposition personnelle au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur : Radio Voz da Liberdade. rend hommage au rôle essentiel qu’ont joué les radios dans la diffusion des luttes d’indépendance dans le monde, comme la station de radio portugaise Radio Voz da Liberdade, hébergée par Radio Alger de 1962 à 1974 jusqu’à la chute du régime dictatorial de l’État Nouveau.
Rita Maïa
Née à Lisbonne, basée à Londres depuis de nombreuses années, la DJ et productrice Rita Maïa est curatrice sur Worldwide FM, la célèbre webradio de Gilles Peterson, légende vivante de l’acid jazz et propriétaire du label du même nom (Acid Jazz Records).
Là, elle anime une émission/soirée régulière, « Migrant Sounds », véritable boîte de Pandore rassemblant des sons du monde entier. Son credo? Partir en quête de nouvelles musiques et les partager avec son auditoire. Avec une appétence toute particulière pour les rythmes afro et les sonorités lusophones, Rita Maïa jette des ponts entre tous les styles.
À la tête de soirées club au Notting Hill Arts Club il y a une dizaine d’années, résidente avec son émission « Sines of the Times » sur Resonance FM pendant 7 ans, la productrice est toujours sur tous les fronts quand il s’agit d’explorer et d’innover. Faisant ainsi le lien entre les rythmes, les cultures et les continents pour s’élever comme fervente défenseuse des scènes émergentes.
« Son style de DJ s’articule autour de la création de liens entre les rythmes et les cultures, le passé et l’avenir, en montrant les nouvelles voies de la danse, les nouvelles scènes émergentes et toutes les mutations intermédiaires, avec une place toute spéciale pour le Royaume-Uni et les sons afro-lusophones qu’elle diffuse en dehors de ses frontières » (Festival Iminente, 2019)
Boris Charmartz
Boris Charmatz est né le 3 janvier 1973 à Chambéry
Danseur, chorégraphe, mais aussi créateur de projets expérimentaux comme l’école éphémère Bocal, le Musée de la danse ou [terrain], institution future sans murs ni toit, Boris Charmatz soumet la danse à des contraintes formelles qui redéfinissent le champ de ses possibilités. La scène lui sert de brouillon où jeter concepts et concentrés organiques, afin d’observer les réactions chimiques, les intensités et les tensions naissant de leur rencontre.
Après des études à l’école de danse de l’Opéra National de Paris et au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, il crée et interprète avec Dimitri Chamblas À bras-le-corps (1993), pièce charnière encore présentée aujourd’hui et entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra National de Paris en 2017.
S’ensuivent une série de pièces qui ont fait date dont Aatt enen tionon (1996), herses (une lente introduction) (1997), Con forts fleuve (1999) ou encore régi (2006) en parallèle de ses activités d’interprète et d’improvisateur (notamment avec Médéric Collignon, Anne Teresa De Keersmaeker, Odile Duboc et Tino Sehgal).
De 2009 à 2018, Boris Charmatz dirige le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne et y déploie le Musée de la danse, paradoxe tirant sa dynamique de ses propres contradictions, espace expérimental pour penser, pratiquer, mettre sens-dessus-dessous les rapports établis entre le public, l’art et ses territoires physiques et imaginaires. Le Musée de la danse articule le vivant et le réflexif – art et archive, création et transmission.
Artiste associé de l’édition 2011 du Festival d’Avignon, Boris Charmatz propose Une école d’art, et crée à la Cour d’honneur du Palais des papes enfant, pièce pour 26 enfants et 9 danseurs, recréée à la Volksbühne Berlin en 2018 avec un groupe d’enfants berlinois. Invité au MoMA (New York) en 2013, il y propose Musée de la danse : Three Collective Gestures, projet décliné en trois volets et visible durant trois semaines dans les espaces du musée. Après une première invitation en 2012, Boris Charmatz est à nouveau présent en 2015 à la Tate Modern (Londres) avec le projet If Tate Modern was Musée de la danse ? comprenant des versions inédites des projets chorégraphiques À bras-le-corps, Levée des conflits, manger, Roman Photo, expo zéro et 20 danseurs pour le XXe siècle. La même année, il ouvre la saison danse de l’Opéra National de Paris avec 20 danseurs pour le XXe siècle et invite 20 danseurs du Ballet à interpréter des solos du siècle dernier dans les espaces publics du Palais Garnier. En mai 2015, il propose à Rennes Fous de danse, une invitation à vivre la danse sous toutes ses formes de midi à minuit. Cette « assemblée chorégraphique » qui réunit professionnels et amateurs, connaît deux autres éditions à Rennes (en 2016 et 2018) et d’autres à Brest, Berlin et Paris (au Festival d’Automne en 2017). Boris Charmatz est artiste associé de la Volksbühne durant la saison 2017-2018 au cours de laquelle il présente danse de nuit (2016), 10000 gestes (2017), A Dancer’s Day (2017) et enfant (2018).
Fin 2018, Boris Charmatz quitte le Musée de la danse / Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne et crée pour l’occasion La Ruée au TNB, performance collective inspirée de l’ouvrage Histoire mondiale de la France dirigé par Patrick Boucheron.
En janvier 2019, il lance [terrain], structure implantée en Région Hauts-de-France et associée au phénix scène nationale de Valenciennes, à l’Opéra de Lille et à la Maison de la Culture d’Amiens. Boris Charmatz est également artiste accompagné par Charleroi danse (Belgique) de 2018 à 2022.
À l’été 2019, le Zürcher Theater Spektakel lui donne carte blanche pour investir le site du festival, au bord d’un lac : terrain | Boris Charmatz : Un essai à ciel ouvert. Ein Tanzgrund für Zürich lance ainsi le premier test du projet terrain, espace vert chorégraphique où les corps viennent composer une architecture humaine. Pendant trois semaines, tous les jours, par tous les temps, échauffements publics, workshops pour enfants, amateurs et professionnels, performances et symposium sont proposés.
En 2020, le festival d’Automne à Paris présente le Portrait Boris Charmatz, composé de pièces du répertoire et de nouvelles créations : La Ruée (2018), (sans titre) (2000) de Tino Sehgal, La Fabrique (2020), Aatt enen tionon (1996), 20 danseurs pour le XXe siècle et plus encore (2012), boléro 2 (1996) et étrangler le temps (2009), 10000 gestes (2017). Dans ce cadre également, il créée La Ronde pour l’événement de clôture du Grand Palais, performance collective de 12 heures qui fait l’objet d’un film et d’un documentaire diffusés sur France Télévision.
Il orchestre, en juin 2021, la performance Happening Tempête, pour l’ouverture du Grand Palais Éphémère. En juillet, il ouvre le Manchester International Festival avec Sea Change, une création chorégraphique avec 150 danseurs amateurs et professionnels. En novembre, il crée et interprète SOMNOLE, solo entièrement sifflé.
En septembre 2022, Boris Charmatz prendra la direction du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch pour y développer, avec [terrain], un nouveau projet entre la France et l’Allemagne.
Boris Charmatz est l’auteur des ouvrages : Entretenir/à propos d’une danse contemporaine (2003, Centre national de la danse/Les presses du réel) cosigné avec Isabelle Launay ; Je suis une école (2009, Éditions Les Prairies Ordinaires), qui relate l’aventure que fut Bocal ; EMAILS 2009-2010 (2013, ed. Les presses du réel en partenariat avec le Musée de la danse) cosigné avec Jérôme Bel. En 2017, dans la collection Modern Dance, le MoMA (Museum of Modem Art, New York) publie la monographie Boris Charmatz, sous la direction d’Ana Janevski avec la contribution de Gilles Amalvi, Bojana Cvejić, Tim Etchells, Adrian Heathfield, Catherine Wood…
Ses projets font l’objet de différentes réalisations cinématographiques, parmi lesquelles Les Disparates (2000), réalisation César Vayssié ; Horace-Bénédict (2001), réalisation Dimitri Chamblas et Aldo Lee ; Une lente introduction (2007) réalisation Boris Charmatz et Aldo Lee ; Levée (2014) réalisation Boris Charmatz et César Vayssié ; Daytime Movements (2016), réalisation Boris Charmatz et Aernout Mik ; TANZGRUND (2021), réalisation César Vayssié ; étrangler le temps (2021) réalisation Boris Charmatz et Aldo Lee.
Interview Florence Mangin
Florence Mangin
Ambassadrice de France au Portugal d'avril 2019 à avril 2022
En tant qu’Ambassadrice de France au Portugal vous avez inauguré la Saison France-Portugal 2022 en France et au Portugal, quel bilan tirez-vous de ces premiers mois ?
Cela fait maintenant deux mois et demi que la Saison a commencé et près de cent vingt événements ont d’ores et déjà été organisés en France et au Portugal. Ils ont concerné un grand nombre de disciplines et ont touché un public nombreux et varié. J’ai pu moi-même participer au lancement de nombreux projets, à Lisbonne, Porto mais aussi en Algarve.
La programmation accueille bien sûr de grandes têtes d’affiches portugaises et françaises mais elle donne aussi une place importante à la jeune création, à des initiatives nouvelles, innovantes voire expérimentales, dans beaucoup de domaines.
Les priorités que nous avions fixées à la Saison ont donc été mises en œuvre, ce dont je me réjouis.
Quelle est selon vous la place de la diplomatie d’influence dans les relations bilatérales, et que peuvent concrètement apporter les saisons croisées ?
La diplomatie d’influence est un axe transversal de la politique extérieure de la France. Dans le cadre des relations entre deux pays européens aussi proches que la France et le Portugal, le terme n’est pas le mieux adapté pour décrire la diplomatie culturelle puisque nous travaillons, main dans la main, France et Portugal à mieux faire connaitre et apprécier nos deux pays, au bénéfice des deux partenaires.
La Saison croisée est une occasion exceptionnelle de favoriser le dialogue artistique, scientifique, universitaire mais aussi économique ou encore autour de la gastronomie afin de faire naître de nouveaux projets franco-portugais.
J’émets le souhait que ces nouvelles collaborations se poursuivent bien au-delà de la Saison et participent au renouvellement de l’image de nos deux pays. Il faut absolument dépasser les clichés mutuels sur nos deux pays et se projeter dans un avenir mieux partagé. La mobilisation autour de thèmes comme la protection des océans ou l’égalité de genres montre que les Saisons sont aussi des outils pour sensibiliser le public aux grands enjeux de notre époque et au sujet desquels les autorités françaises et portugaises portent des positions courageuses et volontaristes.
Quel rôle l’Ambassade, l’Institut français du Portugal et les Alliances françaises ont-ils joué dans l’organisation et le déroulé de la Saison ?
Les équipes de l’Ambassade et de l’Institut français du Portugal (IFP) se sont mobilisées dans l’organisation de la Saison dès les premiers comités d’organisation pour accompagner les décisions, identifier les projets labélisés et assurer une bonne visibilité à la programmation française au Portugal.
Par ailleurs, l’IFP porte directement deux projets qui sont labélisés dans le cadre de la Saison, sur les thèmes de la protection des océans et du féminisme post #Metoo.
Les 10 alliances françaises du Portugal (Porto, Braga-Guimarães, Viseu, Coimbra, Caldas da Rainha, Leiria, Lisbonne, Setúbal, Beja, Algarve) sont également d’excellents relais sur l’ensemble du territoire.
Comment caractériseriez-vous les relations entre la France et le Portugal ?
S’il fallait les décrire en quelques mots, je dirais que les relations entre nos deux pays sont historiques, fortes, empreintes d’une grande confiance et de solidarité.
Dans quelle mesure pensez-vous que la Saison pourra avoir un impact sur ces relations et sur le regard porté par les uns et les autres ?
La grande force des Saisons croisées est de valoriser les spécificités, la singularité et l’identité de chaque pays, mais aussi de souligner ce que nous avons en commun, en partage. Elles nous permettent de stimuler notre curiosité, de mieux nous connaître, de mieux nous comprendre.
La Saison France-Portugal est également une excellente opportunité pour déconstruire les stéréotypes, donner un nouveau souffle à la relation historique de nos deux pays, et écrire une nouvelle page de notre relation surtout à travers nos jeunes.
David Douard
David Douard est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2011. Il est né en 1983 à Perpignan. Il vit et travaille à Aubervilliers.
Avant même la pandémie, le cœur du travail de David Douard était la prolifération, tel un virus, de la matière. La transmission, la contagion de cette matière, organique, textuelle, virtuelle.
De cette propagation résulte un univers fait de frustrations, de maladies, de déviances, de chaos.
Son travail utilise sauvagement les références les plus contradictoires – poésie, histoire des sciences, technologie, animisme, contre-culture, etc. afin de créer des contes allégoriques qui reflètent les relations contagieuses qui se manifestent entre des mondes perméables les uns aux autres.
Pour sa première grande exposition personnelle au Portugal, à la Galeria Contemporânea, Museu de Arte Contemporânea de Serralves, David Douard propose de se glisser dans les «maladies du réel». Composée d’œuvres virales générées par une matrice textuelle, l’exposition explore les changements lents et les fractures qui nous hantent et deviennent des sculptures hybrides, des scripts mutants et des images incontrôlables.
Le travail de David Douard a été présenté dans le cadre d’expositions personnelles et collectives par des institutions internationales telles que, le FRAC Île-de-France, Paris (2020) ; Irish Museum of Modern Art, Dublin, Irlande (2019) ; KURA. c/o Fonderia Artistica Battaglia, Milan (2018) ; Palais de Tokyo, Paris (2014 et 2018) ; Musée d’Art Moderne, Paris (2015 et 2017) ; Kunstverein Braunschweig (2016) ; Fridericianum, Kassel (2015) ; Sculpture Center, New York (2014) ; Astrup Fearnley Museet, Oslo (2014) ; Fondation Pernod Ricard, Paris (2012).
David Douard a participé à plusieurs biennales parmi lesquelles, la Biennale de Lyon (2013), la Biennale de Taipei (2014), la Biennale de Gwangju (2018).
David Douard a été résident de l’Académie de France à Rome, Villa Médicis en 2017-2018.
Il reçoit en 2017 le prix Fondazione Ettore Fico dans le cadre de la foire Artissima, à Turin.
Ses œuvres ont rejoint les collections du Musée d’Art Moderne, Paris, France ; Fonds national d’art contemporain, France ; FRAC Île-de-France, Paris, France ; FRAC Limousin, Limoges, France.
Cátia Goarmon
Cátia Goarmon est née à Lisbonne en 1972. Cadette de quatre frères et sœurs, c’est aux fourneaux qu’elle se distingue de ses frères et sœurs, cuisinant très jeune pour toute sa famille. Ainsi, il apprend les recettes, les tours de mains, les astuces, invente, surprend.
D’abord sa fratrie, puis les Portugais.
Cátia, diplômée en Marketing et Communication, commence sa carrière dans l’industrie pharmaceutique. Mais la passion de la cuisine, encore et toujours ne la quitte pas.
Elle postule pour le ‘MasterChef Portugal’ et très vite conquiert sa place dans le concours. Sa convivialité, sa joie et son talent ne sont pas passés inaperçus auprès des Portugais qui, dès le premier jour, l’ont adoptée, devenant ainsi l’une des candidates les plus populaires de ce concours.
Depuis, elle présente l’une des émissions télévisées de cuisine les plus regardées par les Portugais, à 24Kitchen : Os Secretos da Tia Cátia. Toujours avec sympathie, celle qui s’est spécialisée dans la « comfort food » met à l’honneur la cuisine portugaise, de la plus traditionnelle à la plus inventive. Ses recettes, ses astuces, elle les partage également dans des livres. En quelques années, Cátia Goarmon est devenue une star de la cuisine et de la télévision, incontournable au Portugal. Catia Goarmon présentera des desserts traditionnels portugais au grand public de la Cité des sciences et de l’industrie les 7 et 8 mai, à 14h et 16h dans le cadre de l’animation autour de la gastronomie portugaise et de l’exposition Banquet.
Sandra Rocha et François Joncour
Le musicien brestois François Joncour et la photographe açorienne Sandra Rocha font sentir, en lumière et en sons, une vision du monde à travers des témoignages d’adolescents.
Sandra Rocha est née aux Açores. Après 16 ans à Lisbonne, elle vit à Paris depuis 2013. Depuis quelques années, elle développe un travail photographique à l’approche poétique où l’on retrouve des thématiques distinctes, histoire, mémoire, passage du temps et mythologie. Des thèmes habituellement sublimés par le rapport entre les corps et la nature. Fascinée par les quatre éléments, ses images offrent habituellement des univers d’eau, des paysages vides ou des faux paysages peuplés par des jeunes imberbes ou des animaux singuliers. Le travail interroge la notion d’absurdité, l’idée qu’il n’y a aucun sens dans le monde à part celui qu’on lui donne. Dénonçant un inconfort où, à première vue, on ne voit que beauté et harmonie, son œuvre porte sur le manque de sens, l’immoralité et l’injustice dans le monde.
Sandra privilégie le livre comme support de présentation de ses projets et elle a publié les monographies suivantes: Dérive des Baigneuses (Filigranes 2017); La Vie Immédiate, (LOCO 2017); Le Silence des Sirènes, (LOCO 2016); Anticyclone (Auto Edition, 2015), Há Metafísica Bastante em não Pensar em Nada (Mairie de Lisbonne, 2009). Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collections publiques internationales, entre autres : Centre National d’Arts Plastiques (CNAP), Le Fonds municipal d’art contemporain (FMAC), Collection d’art de la région de la Cantabrie, Collection de la Principauté d’Andorre, Musée d’Art Contemporain de Santander, MAAT-, Novo Banco, à Lisbonne, Arquipélago-Centro de Artes Contemporâneas aux Açores
François Joncour, musicien et créateur sonore
Instrumentiste et créateur sonore, François Joncour a débuté son aventure musicale dans des groupes de pop qui lui ont donné un goût immodéré pour la scène et la mise en son.
C’est sous l’alias Poing qu’il a développé ses premières compositions en solitaire, publiées sous le label Karen Koltrane et aux Editions Cage. Entourés de ses synthétiseurs et de ses fidèles guitares à 4 ou 6 cordes, il s’aventure dans les contrées fascinantes des minimalistes américains, des compositeurs contemporains français et des pionniers technoïdes. Aussi, en bon adepte du « field recording », il n’hésite pas à se jeter corps et microphone dans les lieux urbains et ruraux (résidence artistique dans l’Ouest américain en 2019) afin d’en extraire des éclats sonores concrets à partir desquels s’élaborent ses compositions.
Ses récentes collaborations avec des plasticiens, scientifiques et danseurs le mènent aujourd’hui sur les chemins d’aventures sonores et expérimentations en tous genres.
Photo ©Sandra Rocha
Lina et Raül Refree
C’est l’histoire d’une rencontre qui donne naissance à un duo inattendu, Lina et Raül Refree.
Une rencontre improbable entre Raül Fernandez Miró, connu sous le nom de Refree, un producteur, musicien, compositeur, né à Barcelone, bercé au hard rock – il fût une figure de la scène catalane des années 90 – passé par le rock expérimental et la pop et une chanteuse de fado traditionnelle, Lina Rodrigues.
Mais cette improbable rencontre, enjambant l’Espagne, se devait d’avoir lieu. Car Raül Refree est un découvreur, un révélateur de voix, féminines notamment. C’est dans le flamenco qu’il va en premier lieu chercher ses pépites. Rocio Marquez tout d’abord, véritable révélation flamenca des années 2010 qui prend le risque, pour son deuxième album, de dynamiter les codes de la tradition du flamenco pour mieux en exprimer son essence, à travers sa voix. C’est un succès qui propulse Rocio Marquez sur la scène internationale.
Raül Refree fait de même avec d’autres chanteuses espagnoles, Silvia Perez Cruz et Rosalia.
Après avoir ainsi posé sa marque dans l’univers du flamenco, c’est de l’autre côté de la péninsule ibérique que Raül Refree jette son dévolu.
A Lisbonne, Carolina, chante le fado. Carolina a fait du théâtre, des performances, chante l’opéra mais avant tout elle a le fado chevillé au corps. Fille du nord du Portugal, elle se produit dans les salles les plus exigeantes de Lisbonne. C’est dans l’un de ces célèbres clubs que se rend Raül Refree.
Dès la première écoute, il est subjugué par cette voix. Et ce qu’il a fait avec le flamenco, Raül Refree va le faire avec le fado. Encore plus libre, car hors de ses propres références culturelles. C’est la mutation de la chanteuse. Elle retrouve son vrai prénom, Lina, se centre sur l’essentiel : sa voix. Raül Refree, pourtant lui-même guitariste, délaisse les traditionnelles cordes fadistes pour créer un accompagnement aux claviers, iconoclaste mais paradoxalement renouant avec une pureté presque initiatique.
Et ce n’est rien moins que le répertoire de la grande Amalia Rodrigues qu’ils mettent ainsi sous une nouvelle lumière.
« Nous n’avons changé aucun mot, aucune mélodie. Il n’y a pas d’instruments traditionnels, mais l’émotion du fado est absolue» explique la chanteuse portugaise. « On ne saurait la contredire tant son chant ainsi dénudé remet au centre la dimension éminemment solennelle de cette musique, sa quintessence dramatique aussi, alors même que Refree a fait un double pari : préférer à la classique six-cordes de bons vieux claviers, et débarquer en toute virginité dans ce monde, libéré du poids des références avec lesquelles il faut inconsciemment composer. » confirme Jacques Denis dans Libération
Un pari réussi . L’album Lina_Raül Refree est salué par tous les critiques : « Un album d’une beauté spectrale » selon FIP , « un petit bijou de modernité » selon Télérama, un album vibrant, d’une modernité audacieuse » Patrick Labesse, Le Monde La presse française et européenne est dithyrambique.
Hors des dogmes, le duo se recentre sur l’essence même du fado, redonnant au répertoire de la Grande Amalia et à la voix magnétique de Lina tout son sens. Le premier album, sorti en 2020, est une révélation qui obtient de nombreux prix en Europe.
Lina_Raül Refree seront à Jazz sous les pommiers à Coutances, à la Nuit 104 des fados à Paris, au Festival Rio Loco à Toulouse. ls ont également été présents à Rouen pour l’ouverture de la Saison dans la capitale normande
« Meilleur album de Musiques du monde 2020 –
« Coup de coeur 2020 » Académie Charles Cros
« Nº1 World Music Charts Europe 2020 » Union européenne de radiodiffusion (UER)
« Nomination album Musiques du Monde – Victoire du Jazz 2020 »