Louise Bourrat

Cela faisait 10 ans qu’une femme n’avait pas gagné Top Chef. Autant dire que la pression était forte pour Louise Bourrat lors de la finale de la 13ème édition du concours culinaire télévisé le plus célèbre. Pourtant, fidèle à son caractère, c’est en prenant des risques qu’elle a réussi à séduire les jurés !
Avant cette consécration, la jeune femme, née en 1994 en région lyonnaise d’une mère portugaise et d’un père lyonnais, a fait ses classes dans de nombreux restaurants. Après un BTS hôtellerie restauration, elle se forme auprès d’Alain Ducasse, travaille dans des étoilés et des bistrots gastronomiques. Puis décide partir en Angleterre, et plus loin encore, au Chili. Des cuisines du Bar Boulud et du Mandarin Oriental d’Hyde Park à Londres à celles d’El Franchute del Barrio à Santiago, elle est portée, toujours, par cette soif de découvertes, de challenges.

Elle revient en Europe et se pose à Lisbonne, où son frère a ouvert un restaurant, le Bou.bou’s. Pour cette baroudeuse, la famille reste un socle sur lequel s’appuyer. Durant tout le concours Top Chef elle a souvent fait référence à sa grand-mère portugaise, qui lui a donné le goût des bonnes choses. Ainsi, c’est en son hommage qu’elle réinterprète les classiques de la cuisine portugaise, séduisant au passage les chefs invités les plus exigeants. Mais pas toujours sa désormais célèbre grand-mère : « Elle est à l’ancienne, elle ne connaît rien à part la gastronomie portugaise et dès que je fais quelque chose différemment, elle dit que je fais n’importe quoi «  explique, en riant et avec tendresse, Louise Bourrat.

A peine 27 ans et dejà forte de ses expériences, la jeune cheffe impose son style et affirme ses convictions. Le féminisme d’abord, elle qui a souffert d’être une femme dans un milieu très masculin, a fini par constituer dans son restaurant une brigade uniquement féminine. Hélène Darroze, qui l’a coachée durant tout le concours, a été sensible à cette sororité. L’écologie ensuite : cette fan de yoga est adepte du zéro déchets. Elle aimerait aussi ouvrir un nouveau restaurant à la campagne, pour cultiver ses propres produits et les travailler directement dans sa cuisine.

Look rock, avec sa mèche blonde au milieu d’une frange brune, tatouages mais sourire presque enfantin, elle cultive pour le moment ses envies, forte de sa toute nouvelle notoriété et reconnaissance.
Pour la Saison France-Portugal 2022, elle participe à Food Temple Portugal au Carreau du Temple et délivrera pour l’occasion une masterclass sur le riz au sang, grande spécialité portugaise. Ne doutons pas qu’elle saura y ajouter son grain de sel, n’en déplaise à sa grand-mère !

 


Pedro Penim

Né en 1975 à Lisbonne, Pedro Pedro Zegre Penim est un homme de théâtre. Acteur, metteur en scène, dramaturge, auteur, traducteur, il est depuis peu directeur du prestigieux Teatro Nacional Dona Maria II de Lisbonne, en remplacement de Tiago Rodrigues.
Avant même de s’inscrire à un cours, celui qui avoue « mettre la charrue avant les bœufs » fonde avec des amis la compagnie Teatro Praga. Il a 19 ans tout juste. Ceci fait, il part étudier l’art dramatique à l’Escola Superior de Teatro e Cinema et le management culturel à l’ISCTE. Mais c’est l’animation de l’émission Disney Club sur RTP puis de la version portugaise du programme Art Attack qui le fait connaître auprès du grand public, surtout des plus jeunes.

Sous ses airs de jeune premier, regard rieur et sourire charmeur, se cache pourtant une volonté de bousculer les codes théâtraux. Une vision exigeante du théâtre qu’il poursuit toujours avec Teatro Praga (théâtre « fléau » en portugais, un nom inspiré par « Le Théâtre et la Peste » d’Antonin Artaud ) et qui lui vaut de nombreux prix (Prémio SPA Autores 2012 du meilleur texte portugais représenté (Israël), Mention spéciale du Prix Acarte 2003, Prix Théâtre de la Décennie 2003, Prix Théâtre SIC…).

Ses références ? Des compagnies européennes comme Forced entertainment ou encore tg STAN. En France, il participe régulièrement à Chantiers d’Europe au Théâtre de la Ville.
Profondément ancré dans le présent, Pedro Penim s’appuie sur la mémoire pour mieux décrire la société contemporaine. « Quand on va chercher un texte du répertoire, c’est pour faire entendre notre voix, sans notion de reproduction des classiques ou de respect pour l’auteur. » confie t-il. Ainsi avec Pères et fils, qui est présenté au Festival d’Automne à Paris, un spectacle écrit à partir du roman Père et Fils d’Ivan Tourgueniev et d’essais sur le rôle de la cellule familiale dans notre système capitaliste. Le résultat est détonnant et rend compte des tensions sociétales autour des grandes questions contemporaines comme la gestation pour autrui, l’utilisation des réseaux sociaux, les conflits entre génération et plus globalement la question des sexualités.
Lors de sa prise de fonction à la direction du Teatro Nacional Maria II de Lisbonne il exprime sa vision du théâtre et pose les bases de son action : « Je viens ici comme quelqu’un qui fait fièrement partie de la communauté LGBT, et qui a appris à en faire une force, et en fait c’est ce que c’est, une force, et je parle de ce côté de mon identité, pas pour me défendre moi-même ou pour marquer un point quelconque, mais parce que je crois que c’est dans ce secteur de la société, qui est le mien, qu’il y a des pistes de réflexion et des vecteurs d’action qui, en ce moment, me semblent les plus pertinents et les plus inspirants, quand on imagine des scénarios futurs pour la société et pour le tissu artistique. La programmation, c’est aussi cet exercice d’être au plus près de l’utopie, au nom d’avancées sociales et d’une société plus juste et plus égalitaire. » Il affirme cependant « je ne veux pas programmer pour ceux qui partagent avec moi des affinités électives. Je veux une programmation transgénérationnelle et transesthétique .« 

Ce nouveau rôle de directeur de théâtre – et quel théâtre, un peu l’équivalent au Portugal de la Comédie française en France – ne l’empêche pas, comme son prédécesseur , de continuer ses activités artistiques. C’est donc le metteur en scène et l’acteur qui se produira à Paris cet automne.

Photos©Carlos Pinto (portrait et Pères et fils)


Branko

 

João Barbosa, dit Branko, est né à Lisbonne. Ce producteur, DJ, patron du label Enchufada, s’est fait connaître sur la scène internationale avec son groupe Buraka som Sistema. Le groupe, formé en 2005, a pris le nom du quartier où sont nés les membres : Buraca, dans la banlieue de Lisbonne où réside une forte communauté africaine et gitane. Leur musique est une fusion de Kuduro avec une touche de musique électro, du breakbeat et du grime.
Très vite, ils entament des tournées internationales. Certains de leurs titres sont utilisés dans le jeu video FIFA et dans la série Skins . En 2008, ils remportent le MTV Europe Music Awards pour le « Best Portuguese Act ».
Après ses succès, Branko parcourt le monde et présente ses voyages dans une web série Atlas Unfolded, en collaboration avec la Red Bull Music Academy.
Il devient également producteur et travaille sur la musique d’artistes comme M.I.A. et diffuse sa marque #EchufadaNaZona dans le monde via la radio londonienne NTS à travers une émission qu’il anime.

A côté de ses activités de producteur, Branko commence une carrière solo. Après plusieurs singles, il sort, chez Enchufada son label, un premier album, Atlas, en 2015, inspiré par ses voyages à Cape Town, New York, Sao Paulo. Zebra Katz, princesse Nokia, Nonku Phiri, Mayra Andrade collaborent sur cet album.
Pour son second album Nosso » (« Notre » en portugais), Branko il fait également appel à de nombreux artistes pour enrichir sa musique et innove avec des paroles en portugais, anglais, espagnol et français. Il invite sur cet album des artistes tels que Mallu Magalhães, Sango, Dino D’Santiago, Cosima, Catalina García de Monsieur Periné, Pierre Kwenders, Miles From Kinshasa, Umi Copper, PEDRO et Dengue Dengue Dengue.
Les sons, enregistrés dans le monde entier sont finalisés à Lisbonne.

Pendant les mois de la pandémie Branko a filmé des sets de DJ dans des lieux emblématiques du Portugal sur sa chaîne Youtube. Il a composé une nouvelle musique spécifiquement pour chacun de ces sites, créant ainsi un nouveau paysage, musical.

En 2022, il sort son troisième album, OBG – merci en langage sms portugais. Onze nouveaux morceaux qui puisent leur socle rythmique dans le kuduro, la kizomba, le zouk, le baile funk et toute une panoplie de sons hybrides issues de la musique club. Branko décrit ce nouvel opus comme « construit à partir d’une boucle vocale fantasmagorique et enchantée qui a été samplé dans une compilation de chansons traditionnelles portugaises. »
Cette fois encore, il convie de jeunes artistes : le duo de producteurs portugais Tráz Água, la chanteuse d’origine capverdienne ÉLLÀH ou encore la productrice Guadeloupéenne-Camerounaise Ms Mavy.

 

Pour la Saison France-Portugal 2022, le lisboète participe à la nuit Lisbonne sur Seine et mixera dans un autre lieu d’exception, cette fois emblématique de Paris : l’Hôtel de Ville.


Susana et Jeremy

Cet été, la Saison France-Portugal 2022 met en lumière les liens d’amour qui unissent la France et le Portugal.

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Magali et Manuel

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Isaura et Eric

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Miguel Branco

Miguel Branco est né en 1963 à Castelo Branco. Il étudie à la Faculté des Beaux-Arts de Lisbonne et dirige depuis 1994 le Département Peinture du Centre d’Art et de Communication Visuelle de Lisbonne, Ar.Co.
A travers ses peintures ou ses sculptures, Miguel Branco a toujours travaillé à partir d’images puisées dans l’histoire de l’art. Il s’attache à faire cohabiter dans chacune de ses œuvres des espaces géographiques et temporels variés. Avec une connaissance et une distance infinies, il hypertrophie sa peinture afin de nous faire revoir la grandeur de ses maîtres (Watteau, Chardin, Fragonard, Goya, Velázquez, Bellini, Stubbs, Hogarth, Teniers…) tout comme il nous fait voyager, dans ses sculptures, au cœur de civilisations ou de pays tel que l’Egypte ou l’Inde, créant ainsi une dramaturgie où la sensation de l’œuvre est de réincarner une essence à la fois présente et absente, un invisible qui nous dépasse, et pourtant, un processus intrinsèque à l’œuvre elle-même. Qu’elle soit animale, humanoïde, objet, lieu, crâne, scribe ou encore papillon, son œuvre se caractérise par la présence constante d’un dispositif scénique : quelque chose d’impalpable ou quelqu’un en est le protagoniste. Son œuvre est axée sur la métamorphose et l’étrangeté tout autant que sur l’image et les mécanismes qu’elle provoque.

Il expose pour la première fois en 1984 à la Sociedade Nacional de Belas Artes, Lisbon lors de l’exposition collective 12 Jovens Pintores Portugueses. En 1988, première exposition personnelle : Objectos Discretos, Galeria Monumental, Lisbon, suivies de nombreuses autres expositions au Portugal tout d’abord puis au Luxembourg, en France, en Grande Bretagne, aux Etats Unis…

En France, il est représenté par la galerie Jeanne Bucher Jaeger.
Son œuvre est présente au sein d’institutions internationales telles que le MUDAM au Luxembourg, le CAM — Centre d’Art Moderne de la Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne ou encore la Fondation Serralves à Porto. En 2015, une œuvre de Miguel Branco est présentée lors de l’exposition « Quinte-Essence », qui célèbre les 90 années d’activité de la galerie Jeanne Bucher Jaeger, ainsi qu’au Grand Palais lors de la FIAC. Cette même année, le Musée de Schloss Ambras, Innsbruck en Autriche lui consacre une importante exposition personnelle. En 2016, la galerie Jeanne Bucher Jaeger présente sa seconde exposition personnelle intitulée « SPECTRES – On Birds, Skulls and Drones », conçue en dialogue avec l’exposition « Black Deer – Résonances, Enlèvements, Interférences » au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris. Cette même année, la galerie présente les œuvres de l’artiste dans les foires : Art Dubaï, Drawing Now, FIAC.

En 2017, les sculptures de Miguel Branco sont exposées à la galerie dans les expositions « Présences », « Corps et Ames » et « Chuchotements de la Terre ». Cette même année, l’œuvre Sans titre (Biche blanche) de Miguel Branco est présentée dans la cour du musée lors de l’exposition « Passion de l’Art – Galerie Jeanne Bucher Jaeger depuis 1925 », première rétrospective consacrée à l’histoire de la galerie, au Musée Granet d’Aix-en-Provence.

A Lisbonne, une biche en bronze à patine dorée est également présentée lors de l’exposition « Artes e Letras : as edições da Galeria Jeanne Bucher Jaeger », dédiée à l’importante activité éditoriale de la galerie depuis 1925 à aujourd’hui, organisée par la Fondation Árpád Szenes-Vieira da Silva.

En 2018, l’œuvre Sans titre (Licorne) est présentée dans l’exposition « Magiques Licornes » au Musée de Cluny à Paris.

En 2019, la sculpture Untitled (Dodo) a été sélectionnée pour être présentée dans l’exposition « Bêtes de Scène » à la Fondation Villa Datris, l’Isle-sur-la-Sorgue.

L’artiste est mis à l’honneur par le Festival de l’Histoire de l’Art au Château de Fontainebleau à partir du 3 juin jusqu’au 18 septembre 2022, dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022.
En savoir plus sur l’exposition au Château de Fontainebleau

 


Bela Silva

Née en 1966 à Lisbonne, Bela Silva est fille et petite fille d’artisans d’art. Travailler la matière (le cuir pour son grand père, le métal pour son père et le tissu pour sa mère), est comme une évidence. Même si elle s’éloigne de l’artisanat et de sa fonction utilitariste, elle reste profondément marquée par cette dimension. C’est, sans doute, ce qui la fait se diriger vers la céramique, qu’elle sublimera en lui apposant sa créativité artistique. Et si dans ses motifs, on retrouve l’inspiration classique des azulejos, des scènes de grandes découvertes, de cours royales, d’animaux, c’est pour mieux s’en éloigner, faire disparaître le figuratif sous le grotesque, le baroque, à la recherche de l’abstraction.
Singulière, Bela Silva l’est dès ses études, combinant un cursus à l’Ecole des Beaux Arts de Lisbonne avec un autre, moins académique, dans une école d’art indépendante, l’Ar.co.
Elle les poursuit loin du Portugal, à la Norwich Fine Arts au Royaume-Uni puis à l’ École de The Art Institute of Chicago aux États-Unis. Elle ne cessera ensuite de parcourir le monde, New York, juste avant le 11 septembre, le Japon, l’Inde, Bruxelles où elle vit désormais.
Et très vite, son œuvre est reconnue. Elle expose à la Ann Nathan Gallery et Rhona Hoffman Gallery de Chicago ; au Museu do Azulejo de Lisbonne, au Museu Anastácio Gonçalves de Lisbonne, au Palácio da Ajuda et à la Fundação Ricardo Espírito Santo ; en Chine , au Japon. Elle a participé à des expositions collectives d’art de l’azulejo au Brésil, en Espagne, en France ; dirigé des ateliers de céramique au Japon et au Maroc ; et a obtenu des résidences à Kohler, Wisconsin, États-Unis, et à Fabrica Bordalo Pinheiro, Caldas da Rainha, Portugal.

Elle a créé plusieurs œuvres d’art public, notamment des panneaux de tuiles pour la station de métro Alvalade à Lisbonne ; des panneaux pour les jardins du Centre Culturel Sakai au Japon ; et des panneaux pour l’école João de Deus aux Açores.

Bela Silva continue à dessiner et peindre. Des personnages et des animaux pleins de fantaisie, faussement naïfs, tout droit sorti d’un imaginaire manuélin. «Comme au Convento de Tomar qui est un endroit que j’adore ! J’aime l’excès, la surcharge décorative.»

Pour la Saison France-Portugal 2022, Bela Silva expose dessins, peintures et céramiques à la magnifique exposition collective à la Villa Tamaris à Toulon.

Photos: Portrait de Bela Silva : Micheline Pelletier, © Bela Silva,  Courtesy Galerie Rui Freire – Fine Art SA, Lisbonne.

Oeuvres de Bela Silva à la Villa Tamaris/ Exposition Un été au Portugal ©Marina Perillat/Saison France-Portugal 2022

Les photos de l’exposition

Vidéo Un été au Portugal


Pierre Coulibeuf

Né à Elbeuf en février 1949, Pierre Coulibeuf est un cinéaste d’avant-garde et plasticien qui vit et travaille à Paris. Après un DEA de Lettres modernes, il écrit une thèse sur Pierre Klossowski et Leopold von Sacher Masoch.
La création contemporaine est le matériau du travail cinématographique et plastique de Pierre Coulibeuf. Dans un rapport transversal avec les genres du cinéma (fiction, expérimental) et l’art vidéo, ainsi qu’avec les modes de présentation de l’image en mouvement (projection 35mm ou DCP, installation vidéo, photographie), ses œuvres inventent un lieu et un langage à la frontière des disciplines, critiquent les formes établies, questionnent les modes de représentation de la réalité. Les principaux concepts de ses œuvres sont : le dédoublement, le simulacre, la métamorphose, le labyrinthe, la réalité comme fiction ou projection mentale.

Depuis 1987, Pierre Coulibeuf développe un projet transdisciplinaire. Il réalise des fictions expérimentales qui investissent savamment le champ de l’art, et dans lesquelles les changements d’identité ou de statut affectent les univers et les artistes qui inspirent ses oeuvres. Nombreux courts et longs métrages (tournés en 16 et 35mm), à partir des univers de Pierre Klossowski, Michelangelo Pistoletto, Marina Abramovic, Michel Butor, Jean-Marc Bustamante, Jan Fabre, Meg Stuart, Angelin Preljocaj, Benoît Lachambre, Jean-Luc Moulène, Maurice Blanchot…
Ses films sont sélectionnés dans de nombreux festivals internationaux de cinéma (fiction, expérimental, art vidéo).
En 1991, le Centre Pompidou lui consacre une première rétrospective au cinéma du Musée national d’art moderne. En 1993, il obtient la Bourse Leonard de Vinci du Ministère des Affaires étrangères pour une résidence en Italie.
En 1995 et 1996, il est artiste en résidence au Centre d’art contemporain du Domaine de Kerguéhennec, en Bretagne.
En 2001, il est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Une rétrospective en 35mm de ses films, sous le titre Le Démon du passage, initiée par le Ministère des Affaires étrangères en 2004, a circulé dans le monde entier.

Pierre Coulibeuf présente également ses films, recomposés, sous forme d’installations (vidéo-photo) dans le réseau international de l’art contemporain.
Les œuvres de Coulibeuf font partie d’importantes collections en France et à l’étranger (en particulier : Fonds national d’art contemporain/Cnap-Paris ; CNC Patrimoine, Bois d’Arcy, France ; Musée national d’art moderne/Centre Pompidou, Paris ; Sammlung Goetz Munich, Allemagne ; Fondation Iberê Camargo-Brésil ; Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea/GAM – Turin, Italie ; Neuer Berliner Kunstverein/NBK-Berlin, Allemagne ; Museu de Artes do Rio Grande do Sul/MARGS, Porto Alegre, Brésil ; Fonds Régional d’Art Contemporain/FRAC de Bretagne, France).

A l’occasion de la Saison France-Portugal 2022, il présente son projet Enigma, projet artistique transmédia – film et installation vidéo- conçu avec trois points d’appui : des lieux urbains, des performances, un chant d’opéra.
Ce projet artistique est matérialisé dans une œuvre biface constituée de : – un film court (30 minutes – tourné sur support 35mm). – une installation vidéo-photo, composée de plusieurs images en mouvement et d’une série de photographies.
L’installation est créée à partir des éléments de tournage du film, réinterprétés en vue de produire un dispositif spatial

Le film ENIGMA montre le parcours mental, tour à tour rêve et cauchemar, de deux jeunes femmes, attirées par un ‘’chant des Sirènes’’… Leurs actions résonnent avec l’histoire de l’Abbaye de Neumünster dans laquelle elles sont projetées, – histoire marquée par l’enfermement.

Le film a été diffusé sur Vosges TV au printemps 2022. L’installation est présentée à la Galeria Foco https://galeriafoco.com/exhibitions/enigma/ à Lisbonne jusqu’au 6 août.
La cinemateca portuguesa a projeté en juillet 2022 Enigma ainsi que des films inédits de Pierre Coulibeuf.

Le 27 août, le  film ENIGMA participe au FUSO International Video Art Festival, à Lisbonne (23-28 août 2022) sur le site du Castelo de São Jorge


Carla Filipe

Née en 1973 à Vila Nova da Barquinha, Carla Filipe vit et travaille à Porto. De son enfance dans une famille cheminote du Portugal elle gardera le goût des voyages, du déplacement plus généralement, et une constante préoccupation sociale. Le chemin de fer est pour elle avant tout le symbole des migrations de population liées à l’avènement du capitalisme. Son œuvre repose sur un travail documentaire, sociologique, qu’elle associe à son vécu propre. Ainsi, elle mêle histoire personnelle et collective, explore le processus de la mémoire.

Dessins et collages basés sur du texte, interventions spatiales, performances et publications, font partie des moyens et des supports utilisés par Carla Filipe pour élaborer un portrait de notre société qui est aussi une forme d’auto-portrait. Adoptant les méthodes de l’anthropologue, elle observe, collecte, interviewe et documente les souvenirs de narrations individuelles et collectives ancrées dans la culture visuelle d’un passé récent et d’actualité. Les voyages, les déplacements et le travail in situ (comme la construction et la plantation de jardins potagers) sont des procédés auxquels elle a recours lors de ses recherches tout autant que dans la création de ses œuvres.
Le processus très subjectif de ‘travail de terrain’ sert de loupe pour observer des modes de vie marginalisés par l’Histoire et les systèmes sociaux et politiques qui guident cette dernière. L’usage que fait l’artiste des objets trouvés, des éléments visuels qu’elle s’approprie, du langage en tant que matériau, ainsi que son esthétique lo-fi et punk associée à des panneaux de signalétique, du graffiti et des publicités politiques pré-numériques, permettent la constitution d’archives très riches. Son œuvre s’appuie sur la mémoire critique pour valoriser les récits qui ont été oubliés ou omis par les discours conventionnels, poursuivant un processus qui met en évidence les transformations politiques, économiques et sociales qui façonnent le présent dans ses différentes géographies et contextes d’intervention directe.
Dans son exposition à la Villa Arson, présentée dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022, Carla Filipe poursuit un parcours créatif qui fait appel au contexte politique contemporain. L’artiste reprend notamment son travail sur l’iconographie d’affiches politiques, syndicalistes ou coopératives, transformant leur graphisme et leur design en 28 drapeaux – un pour chaque état membre de l’Union Européenne jusqu’en 2019. Les drapeaux représentent le poids des facteurs économiques dans leur relation avec l’UE, ainsi que des références historiques propres à chaque pays, pour illustrer la manière dont ils s’assemblent au sein de cette identité commune selon ce que le philosophe français Jacques Derrida appelait une ‘double mémoire’.
‘hóspede’ est un mot dont l’étymologie peut aussi désigner une personne qui occupe un endroit ou un espace donné en contrepartie d’une forme de paiement. Au sein du débat sur l’hospitalité qui agite le monde politique comme celui des pratiques artistiques contemporaines, la proposition de Carla Filipe fait de chaque état membre une entité dont l’équilibre demeure fragile (comme l’a récemment démontré le Brexit) et dont la relation avec l’UE est équivoque au vu de l’équilibre délicat entre des buts communs et des intérêts nationaux soumis à de perpétuels changements politiques.
L’iconographie singulière des œuvres de Carla Filipe n’offre pas de solutions. Elle révèle au contraire les tensions et les contradictions du présent. L’oubli des valeurs de bases associées à la solidarité internationale, phénomène que l’on peut observer dans les sociétés contemporaines (y compris dans les sociétés européennes), constitue la toile de fond de cette exposition/installation, recouvrant tout l’arc allant de l’hospitalité à l’hostilité.
Malheureusement, la fragilité de l’idée d’Europe a été mise en évidence par les événements actuels. Il s’agit de moments où les conflits territoriaux et idéologiques ébranlent les fondements de la soi-disant construction européenne et remettent en question la défense collective de valeurs considérées comme acquises.
Marta Moreira de Almeida, directrice adjointe du musée Serralves, est commissaire de l’exposition hospede

En savoir plus sur l’exposition hóspede

 

credits : JC Lett- Villa Arson