Né en 1975 à Lisbonne, Pedro Pedro Zegre Penim est un homme de théâtre. Acteur, metteur en scène, dramaturge, auteur, traducteur, il est depuis peu directeur du prestigieux Teatro Nacional Dona Maria II de Lisbonne, en remplacement de Tiago Rodrigues.
Avant même de s’inscrire à un cours, celui qui avoue « mettre la charrue avant les bœufs » fonde avec des amis la compagnie Teatro Praga. Il a 19 ans tout juste. Ceci fait, il part étudier l’art dramatique à l’Escola Superior de Teatro e Cinema et le management culturel à l’ISCTE. Mais c’est l’animation de l’émission Disney Club sur RTP puis de la version portugaise du programme Art Attack qui le fait connaître auprès du grand public, surtout des plus jeunes.

Sous ses airs de jeune premier, regard rieur et sourire charmeur, se cache pourtant une volonté de bousculer les codes théâtraux. Une vision exigeante du théâtre qu’il poursuit toujours avec Teatro Praga (théâtre « fléau » en portugais, un nom inspiré par « Le Théâtre et la Peste » d’Antonin Artaud ) et qui lui vaut de nombreux prix (Prémio SPA Autores 2012 du meilleur texte portugais représenté (Israël), Mention spéciale du Prix Acarte 2003, Prix Théâtre de la Décennie 2003, Prix Théâtre SIC…).

Ses références ? Des compagnies européennes comme Forced entertainment ou encore tg STAN. En France, il participe régulièrement à Chantiers d’Europe au Théâtre de la Ville.
Profondément ancré dans le présent, Pedro Penim s’appuie sur la mémoire pour mieux décrire la société contemporaine. « Quand on va chercher un texte du répertoire, c’est pour faire entendre notre voix, sans notion de reproduction des classiques ou de respect pour l’auteur. » confie t-il. Ainsi avec Pères et fils, qui est présenté au Festival d’Automne à Paris, un spectacle écrit à partir du roman Père et Fils d’Ivan Tourgueniev et d’essais sur le rôle de la cellule familiale dans notre système capitaliste. Le résultat est détonnant et rend compte des tensions sociétales autour des grandes questions contemporaines comme la gestation pour autrui, l’utilisation des réseaux sociaux, les conflits entre génération et plus globalement la question des sexualités.
Lors de sa prise de fonction à la direction du Teatro Nacional Maria II de Lisbonne il exprime sa vision du théâtre et pose les bases de son action : « Je viens ici comme quelqu’un qui fait fièrement partie de la communauté LGBT, et qui a appris à en faire une force, et en fait c’est ce que c’est, une force, et je parle de ce côté de mon identité, pas pour me défendre moi-même ou pour marquer un point quelconque, mais parce que je crois que c’est dans ce secteur de la société, qui est le mien, qu’il y a des pistes de réflexion et des vecteurs d’action qui, en ce moment, me semblent les plus pertinents et les plus inspirants, quand on imagine des scénarios futurs pour la société et pour le tissu artistique. La programmation, c’est aussi cet exercice d’être au plus près de l’utopie, au nom d’avancées sociales et d’une société plus juste et plus égalitaire. » Il affirme cependant « je ne veux pas programmer pour ceux qui partagent avec moi des affinités électives. Je veux une programmation transgénérationnelle et transesthétique . »

Ce nouveau rôle de directeur de théâtre – et quel théâtre, un peu l’équivalent au Portugal de la Comédie française en France – ne l’empêche pas, comme son prédécesseur , de continuer ses activités artistiques. C’est donc le metteur en scène et l’acteur qui se produira à Paris cet automne.

Photos©Carlos Pinto (portrait et Pères et fils)