António Reis est né en août 1927 à Valadares et meurt à Lisbonne, en 1991. Magarida Cordeiro née en 1939, à Mogadouro.

Infatigable opposant à l’Estado Novo, António Reis est d’abord poète, peintre et sculpteur mais aussi sociologue.
Il devient assistant pour Manoel de Oliveira sur Acte du printemps (1962), pierre angulaire du nouveau cinéma lusitanien, puis réalise dans la foulée deux documentaires, premières esquisses d’un art en devenir où se mêleront de manière inédite poésie et ethnographie.

C’est sur le tournage de Jaime, en 1974, qu’il rencontre sa compagne, la psychiatre Margarida Cordeiro. Jaime, un moyen métrage, sort le 2 mai 1974, juste après la révolution des oeillets. Jaime, documentaire anthropologique, raconte l’histoire d’un ouvrier agricole schizophrène, enfermé dans un hôpital psychiatrique et qui à la fin de sa vie se met au dessin.
Ce film, l’un des jalons du Novo Cinema, prix du meilleur court métrage au Locarno Festival, est qualifié par João César Monteiro d’« un des plus beaux films de l’histoire du cinéma ». Avec Jaime, António Reis et Margarida Cordeiro développent une pratique nouvelle du montage, « vibration hallucinatoire et violence magique » et inventent un style propre, fait d’accumulation d’émotions, de strates narratives discontinues, qui influencera nombre de cinéastes.

Le couple réalise ensemble trois longs métrages (Tras-os-Montes en 1976, Ana en 1982, et Rosa de Areia, leur dernier film en 1989) qui leur vaudront l’admiration d’autres poètes, Jean Rouch, Joris Ivens, Jean-Marie Straub, ainsi que d’une nouvelle génération de cinéastes portugais.
La campagne portugaise, et plus particulièrement la région dont est originaire Margarida Cordeiro est au centre de leur univers cinématographique. Alors que le pays vit en plein exode rural, le couple pose son regard sur ces campagnes, bien loin du folklore, au plus près d’une exploration intime des hommes et de la terre.
À propos de Tras-os-Montes, Rouch écrivit un jour : « Jamais à ma connaissance un réalisateur n’avait entrepris avec une telle obstination l’expression cinématographique d’une région : je veux dire cette communion difficile entre les hommes, les paysages, les saisons. Seul un poète déraisonnable pouvait mettre en circulation un objet aussi inquiétant. »
C’est aussi la campagne qui est filmée dans Ana, histoire de quatre générations de femmes. Dans les Cahiers du cinéma, Yann Lardeau écrit à la sortie du film : « Ana est la pulsation lente, régulière, cyclique de cette terre, le cycle éternel d’une nature mythologique au cœur de laquelle habite l’homme, un paysage de naissance du monde. »
Leur dernier film, Rosa de Areia est plus conceptuel et abstrait :succession onirique de références, de sons , d’apparitions de personnages, de mots…

La cinémathèque française rend hommage à ce couple en présentant leurs trois longs métrages, ainsi que Jaime et deux courts métrages antérieurs de Reis. Cette rétrospective s’accompagne d’une programmation autour du jeune cinéma portugais.

Filmographie

António Reis
1959 : Auto de Floripes (coréalisation)
• 1963 : Painéis do Porto
• 1964 : Do Rio ao Céu (coréalisation avec César Guerra Leal [archive])
• 1966 : Alto do Rabagão (coréalisation avec César Guerra Leal)

António Reis et Margarida Cordeiro
• 1974 : Jaime
• 1976 : Trás-os-Montes (coréalisation)
• 1982 : Ana  (coréalisation ).
• 1989 : Rosa de Areia (coréalisation)