Ana Jotta est née en 1946 à Lisbonne, où elle vit et travaille. Après des études à l’École des Beaux-Arts de Lisbonne (1965-1968) et à l’École d’Architecture et d’Arts Visuels de l’Abbaye de la Cambre à Bruxelles (1969-1973), elle embrasse dans les années 1970 une carrière d’actrice et de scénographe (théâtre, cinéma) avant de se consacrer aux arts visuels à partir des années 1980.

Collectionneuse et « glaneuse » s’appropriant et redonnant vie aux objets, images, écrits et inventions des autres, qu’ils soient artistes ou simples faiseurs, elle remet en jeu les notions de style, de discipline et d’originalité dans une pratique foncièrement libre et protéiforme, attentive au langage et aux correspondances.
Sa pratique explore tous les médiums artistiques : peinture, sculpture, installation, son, photographie, mais également des techniques associées aux arts dits mineurs (couture, broderie, poterie).
Extrêmement variée, son œuvre s’affranchit de tout style proprement identifiable, récusant la notion même de signature.

Selon l’expression du commissaire d’exposition João Fernandes, « dans l’œuvre d’Ana Jotta, l’art est au cœur d’une bataille entre invention et conventions ». Autant intéressée par la culture « officielle » et certains grands noms de la modernité (Marcel Broodthaers, Philip Guston, Francis Picabia) que la culture populaire (Félix le chat, les magazines grand public, le cinéma, Instagram dont elle se sert comme d’un tentaculaire journal de bord), Ana Jotta échappe à toutes les classifications, avec toujours une ironie mordante et une grande intelligence de l’espace et du collage. En ce sens, sa démarche réconcilie, depuis près de quatre décennies, une ambition démesurée – l’adéquation entre l’art et la vie, la volonté d’embrasser sans hiérarchie toutes les formes d’expression artistique – et une humilité permanente – celle de la glaneuse redonnant vie aux objets, images et inventions des autres, qu’ils soient célèbres ou inconnus, qu’elle les collecte dans les livres ou au marché aux puces.

En 2014, Culturgest (Lisbonne) lui a consacré une exposition rétrospective, La Conclusion de la Précédente, neuf ans après celle organisée par le Museu Serralves (Porto), intitulée Rua Ana Jotta.
Parmi ses expositions importantes récentes, citons TI RE LI RE, Le Crédac, Ivry-sur-Seine, 2016 ; Portuguese Handicraft, Établissement d’en face, Bruxelles, 2016 ; Ana Jotta. Bónus, MAAT, Lisbonne, 2017 ; Three Moral Tales, Konsthall, Malmö, 2019 ; Al Cartio and Constance Ruth Howes from A to C, avec Ricardo Valentim, Gulbenkian Foundation, Lisbonne, 2019 ; Inventória, Casa São Roque–Centre de Arte, Porto, 2020.

Pour le Festival d’Automne à Paris, elle propose deux expositions : Une chambre en ville à la Cité Internationale des Arts et A comme Encre, rétrospective de ses œuvres imprimées au centre d’art Immanence. Elle est également présente dans l’exposition collective Les Péninsules Démarrées au Frac Nouvelle-Aquitaine Méca à Bordeaux.