Caroline Guiela Nguyen est née à Nice en 1981 d’une mère vietnamienne et d’un père pied-noir. Deux exils, deux cultures qui traversent ses créations, théâtrales et cinématographiques.
Après des études de sociologie et d’arts du spectacle à l’université de Nice ; elle s’oriente vers la mise en scène de théâtre et entre en 2006 au Théâtre National de Strasbourg (TNS).
Peu après, elle fonde la compagnie « Les Hommes approximatifs ». Comme beaucoup de compagnies contemporaines elle mise sur le collectif et l’écriture de plateau. A la différence qu’elle mêle sur scène comédiens professionnels et amateurs, autant d’univers à entrelacer, à raconter. Autant d’expériences à explorer. Autant de corps à faire exister.
Les récits sont bien au centre de ses créations qui reflètent les évolutions sociétales à partir de l’intime. L’influence de la sociologie peut-être, de son héritage familial sans doute qui transparait dans ses thématiques : le déracinement, la famille… Son théâtre pourrait être presque documentaire et pourtant c’est bien à travers la fiction qu’elle raconte la Grande Histoire.
Grâce à l’écriture de plateau, elle recueille les témoignages, les filme puis les transforme en fiction. Ce regard de la caméra transparait dans sur scène. Son théâtre est résolument cinématographique et pourtant profondément théâtral. Ainsi, Saïgon, qui sera présenté au Teatro Nacional D Maria II de Lisbonne est une fresque aux allures de saga. On se laisse porter de lieux en époques, du Vietnam à la France, du vietnamien au français, du colonialisme au post colonialisme, du rire aux larmes dans un va-et-vient permanent.
Sur le plateau, confie t-elle à Arnaud Laporte sur France Culture, « on passe du temps à improviser et je passe du temps à les écouter, à essayer de comprendre leur rythme de phrases, leur langue, leurs façons, leurs expressions. Comment ils parlent, comment cela se répond. Tout est filmé et après j’écris. »
Dans Fraternité conte fantastique, qui sera présenté au Teatro Municipal Sao Luiz de Lisbonne, elle se projette dans le prochain siècle et fait résonner la parole en plusieurs langues. Une catastrophe inexplicable a effacé une partie de l’humanité, contraignant ceux qui sont restés à se confronter à l’énigme de cette disparition. Le temps est hors de ses gonds. Ensemble, les humains font corps pour rendre un sens à l’Histoire – témoignant pour les absents, consolant les présents, préparant la mémoire du prochain siècle. « J’ai la nécessité de représenter le réel et à la fois je me lance le défi en faisant « Fraternité, conte fantastique » d’aller vers un conte. On peut raconter l’Histoire en passant par la fiction, ce n’est pas du théâtre documentaire. Je sens bien que dans notre travail, on est à la fois extrêmement soucieux d’être lestés par le réel et en même temps j’ai une foi et un amour absolu pour la fiction. » poursuit-elle au micro d’Arnaud Laporte.
Reconnue pour ses créations théâtrales, qui outre la richesse de la parole sont également brillantes dans leur forme, Caroline Guiela Nguyen est artiste associée à l’Odéon, Théâtre de l’Europe et à la Schaubühne à Berlin. Elle est également, de manière plus confidentielle, réalisatrice de courts métrages et auteure de pièces radiophoniques.
De 2011 à 2017, Caroline Guiela Nguyen et les Hommes Approximatifs créent à La Comédie de Valence, où elle est membre du Collectif artistique de 2014 à 2020, Se souvenir de Violetta (2011), Ses Mains et Le Bal d’Emma (2012), Elle brûle (2013), Le Chagrin (2015), Mon Grand Amour(2016) et SAIGON (2017). À compter de 2013, ses spectacles sont présentés dans toute la France notamment à la Colline théâtre national, au CDN de Tours, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, au TNBA à Bordeaux, au TNS à Strasbourg, au Festival d’Avignon, Festival Paris l’Eté, Festival TNB…
Depuis 2015, elle collabore avec Joël Pommerat et Jean Ruimi à la création de spectacles à la Maison Centrale d’Arles, dont Désordre d’un futur passé.
En 2017, Caroline Guiela Nguyen s’interroge sur l’histoire du Vietnam avec la pièce SAIGON, qu’elle présente au festival Ambivalence(s) à la Comédie de Valence et à la 71° édition du Festival d’Avignon et en tournée mondiale.
En 2019, elle entame avec la compagnie Les Hommes Approximatifs un nouveau cycle FRATERNITÉ qui compte trois créations : un film coproduit par Les Films du Worso, Les Engloutis4, qu’elle réalise avec les détenus de la Maison Centrale d’Arles, Fraternité, Conte fantastique créée lors la 75e édition du Festival d’Avignon 5et L’Enfance, la Nuit qui sera créée au printemps 2022 à la Schaubühne à Berlin.
La compagnie Les hommes approximatifs réunit Caroline Guiela Nguyen (metteuse en scène, autrice, réalisatrice), Alice Duchange (scénographe), Benjamin Moreau (costumier), Jérémie Papin (créateur lumière), Antoine Richard (créateur sonore), Claire Calvi (collaboratrice artistique), Manon Worms (dramaturgie) Jérémie Scheidler (dramaturgie, vidéo).
La saison théâtrale française à Lisbonne
Portrait de Caroline Guiela Nguyen © Manuel Braun
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