Né le 6 septembre 1939 à Pontchartrain dans les Yvelines, Gérard Fromanger commence dès 2 ans à peindre. Quelques années plus tard, à 17 ans, il fait un très bref passage – 18 jours à peine – aux Beaux-Arts de Paris puis suit les cours puis les cours du soir de la Ville de Paris dans la classe de Robert Lesbounit, à l’Académie de la Grande Chaumière. C’est là que le sculpteur César le remarque, lui propose de s’installer dans son atelier.
A cette époque, la fin des années 50, il se lie d’amitié avec Jacques Prévert et les frères Giacometti. Ils le présentent au marchand d’art et collectionneur Aimé Maeght avec qui il collaborera de 1964 à 1967. Les amitiés, fidèles, marqueront sa vie personnelle et sa vie d’artiste. Godard, Deleuze, Foucault sont ses compagnons de lutte et de réflexion. Le journaliste Serge July aussi, qui viendra à Lisbonne parler de son ami.

En 1964 il devient le plus jeune artiste exposé au Salon de mai au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Il a à peine 24 ans.
Un an plus tard, il abandonne le gris pour la couleur. Elle ne quittera plus son œuvre. Ce passage à la couleur est manifeste dans son Prince de Hombourg, un quintuple portrait de Gérard Philipe, où le rouge percute le noir.

Cette oeuvre fonde son appartenance à la Figuration narrative.

Début des années 60, alors que l’abstraction domine encore, le Pop Art, aux Etats-Unis et en Angleterre, et la Figuration narrative, en France, font irruption dans le monde de l’art. Le figuratif revient pour questionner un monde d’images et une société de consommation. Si Gérard Fromanger ne se revendique pas directement de la Figuration narrative, il en est très proche. Notamment dans son engagement politique.

Très actif en 1968 , occupant l’Odéon, fondant l’Atelier Populaire aux Beaux Arts qui fabrique les affiches révolutionnaires, participant activement aux mouvements de la gauche française, il poursuit cet engagement toute sa vie. La rue, il y descend pour protester et c’est aussi sa principale source d’inspiration. Les passants sont un motif récurrent dans son œuvre. C’est d’ailleurs eux, silhouettes rouges ou multicolores, qui sont le plus souvent évoqués lorsque l’on pense à Fromanger.

De la couleur, Gérard Fromanger a fait une révolution ! Qu’il utilise la photographie, la vidéo ou la peinture, c’est à la couleur que l’on reconnait d’emblée une œuvre de Fromanger. Ou plutôt aux couleurs. Elles explosent toutes, soulignent le propos, agissent comme un révélateur sur une image. Elles sont son alphabet. A l’occasion de sa rétrospective au Centre Pompidou en 2016 il confie à Eric Simon de Actuart : « L’arc-en-ciel est toujours venu à mon secours dans les périodes de doute comme dans les moments d’évidence.
Les claires et les foncées, les primaires, les complémentaires et leurs intensités font socle, code et gamme permanents. »

 

Exposition La Splendeur O Espandor 
Rétrospective de l’œuvre de l’artiste français Gérard Fromanger à travers plus de 60 peintures, dessins et sérigraphies, ainsi que son Film-Tract réalisé en 1968 en collaboration avec Jean-Luc Godard. 

Commissaire Eric Corne

Museu Coleção Berardo du 17 février au 29 mai

Conférence le 17 février à 19h à l’Institut français du Portugal

Photos

Portrait Gérard FROMANGER- ©️Claire Delfino

Le rouge et le noir dans le Prince de Hombourg, 1965 (/ de la série  Pétrifiés) 202 x 252 x 4 cm Musée national d’histoire et d’art Luxembourg Photo: MNHA | Tom Lucas

En Chine à Hu-Xian, 1974 (de la série Le Désir est Partout)Huile sur toile 200 x 300 cm Collection du Centre Pompidou, Mnam/Cci, Paris. © Gérard Fromanger

Au Printemps ou la Vie à l’Endroit, 1972 ( de la série Le Peintre et le modèle) Huile sur toile  150 x 200 cm  Collection de l’artiste

Comment dites-vous, 1974 ( de la série  Annoncez la Couleur) Huile sur toile 200 x 150 cm Collection Mariane Mathieu, Paris