Née en 1971, Phia Ménard débute son parcours artistique par la jonglerie, le jeu d’acteur et la danse contemporaine, avant de fonder en 1998 la compagnie Non Nova, référence à Non nova, sed nove : nous n’inventons rien, nous le voyons différemment. Un nom manifeste pour une démarche fondatrice.

Sa recherche sur l’« Injonglabilité Complémentaire des Éléments » la conduit, en effet, à explorer l’imaginaire de la transformation des éléments naturels (la glace, l’eau, l’air ) et leurs influences sur les comportements humains. Ses créations s’articulent alors en cycles : les Pièces de Glace (P.P.P., 2008, ICEMAN, 2009), les Pièces du Vent (L’après-midi d’un foehn Version 1, 2008, Vortex, 2011, Les Os Noirs, 2017) et les Pièces de l’Eau et de la Vapeur (Belle d’Hier, 2015, Contes Immoraux – Partie 1 : Maison Mère, 2017, Saison Sèche 2018)

Quiconque a vu ce que Phia Ménard réalise avec des sacs plastiques dans son Après-midi d’un foenh comprend la poésie qui se dégage de ses créations. Ou comment avec deux coups de ciseaux, un sac plastique et du vent on replonge dans instantanément dans l’émerveillement propre à l’enfance.

Les processus de transformations, celle qui est née dans un corps d’homme, les connait et les explore dans ses spectacles. « Mon propre corps me renvoyait à une place dans la société dans laquelle je ne me reconnaissais pas, et dans une société que je voulais absolument changer. Au moment où on se réapproprie ses propres gestes et où on comprend que, finalement, on n’a pas été totalement formaté par une éducation, par une société, on commence à comprendre ce que veut dire l’art. On commence à saisir que la démarche de l’artiste est souvent de se débarrasser de ce que la société lui demande de porter. » confie-t-elle sur France Culture dans Affaires culturelles en décembre dernier.

Autrice engagée, elle s’empare de la question du patriarcat, comme dans Saison Sèche, co-écrite avec Jean-Luc Beaujault et présentée au 72ième Festival d’Avignon en 2018, où elle critique la domination masculine et la violence faites aux femmes.

Artiste associée de différentes scènes nationales et centres chorégraphiques ou dramatiques nationaux (Chambéry, Lyon, Caen, Rennes …), elle est invitée en 2017 de la documenta 14 à Kassel et y crée « Contes Immoraux – Partie 1 : Maison Mère ».

Phia Ménard s’engage également dans la transmission. En 2019, elle devient présidente de l’association de l’Ecole du Théâtre National de Bretagne (TNB). En 2020, elle crée avec la promo X de l’école du TNB, la pièce « Fiction/Friction » et une édition intitulée “La Démocratie, qu’est ce que c’est amusant” avec la 79ième promotion de l’Ecole Nationale des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) à Lyon.

Imprévisible et inclassable, Phia Ménard poursuit sur toutes les scènes du monde sa recherche et invite à entrer dans son univers. Le théâtre municipal Rivoli de Porto lui consacre un focus, du 18 au 26 février en ouverture de la Saison France-Portugal 2022.

Photos

Portrait Phia Ménard – ©️beaborgers
L’après-midi d’un foehn Version 1 – Cie Non Nova – © Jean-Luc Beaujault
Saison Sèche – Cie Non Nova – © Jean-Luc Beaujault