A peine franchi, face à la Pyramide du Louvre, l’Arc de Triomphe du Carrousel et son jardin, en pénétrant dans le Jardin des Tuileries, on aperçoit de loin trois silhouettes monumentales. Blanches. Imposantes. Puissantes. Solidement plantées au milieu de la pelouse du Grand réservé Nord du Grand Carré.

Impossible de manquer les Trois Grâces de Pedro Cabrita Reis. Invité par Le Louvre dans le cadre de la Saison France-Portugal, à créer une œuvre monumentale pour le Jardin des Tuileries, il a livré cette allégorie de la féminité, réponse à cette figure mythique et mythologique des Trois Grâces qui inspira tant d’artistes depuis l’Antiquité et dont Le Louvre possède quelques variations. « C’est moi qui ai choisi ce thème. Je trouve intéressant de reconsidérer des thèmes, des mythes et des récits qui constituent la base de l’histoire de l’art. Les Trois Grâces, qui parcourent notre histoire européenne depuis avant l’Antiquité classique, s’intègrent dans ce cadre d’action qui m’intéresse particulièrement», affirme Cabrita.

De cette invitation du Louvre est né un dialogue créatif avec les œuvres et les artistes d’autres siècles. Les statues antiques bien sûr, mais aussi les peintures, comme La Liberté guidant le peuple de Delacroix.

Les œuvres de Cabrita sont généralement monumentales, et ses Trois Grâces du Jardin des Tuileries ne font pas figure d’exception.
Sa version est composée de trois éléments autonomes, tous en liège, d’environ 4,50 m de hauteur chacun et pesant près de 500 kg, le tout reposant sur une base en fer d’environ 400 kg. L’utilisation du liège pour une œuvre conçue dans le cadre de la Saison France-Portugal est symbolique à plus d’un titre : matériau durable (c’est une thématique forte de la saison), le liège est aussi un patrimoine emblématique du Portugal.
Quant à sa version de la féminité, imposante et éclatante, elle s’intègre dans une saison qui s’attache à mettre en avant parité et inclusion ?

Pedro pour les amis, Cabrita pour le monde de l’art, Pedro Cabrita Reis est une personnalité, pourrait-on dire même un personnage, de l’art contemporain. Portugais, né en 1956, à Lisbonne, il a obtenu depuis des années déjà une reconnaissance internationale, depuis sa participation à Documenta IX, Kassel en 1992, aux biennales de São Paulo en 1994 et 1998, de Venise en 1997 et 2003. A Lyon, on se souvient de ses deux installations dans les entrepôts Bichat pour la XXe Biennale.
Polyglotte, il a étudié à la Saint Martin’s School of Art, au Royal College of Art et à l’University College de Londres. Il a enseigné à la Architectural Association, au Goldsmith’s College, à la Chelsea School of Art, et au Royal College of Art de Londres, ainsi qu’à l’école d’architecture de l’université de l’Illinois de Chicago, à la Jan Van Eyck Academy de Maastricht et à la Graduate School of Architecture Planning and Preservation de l’université Columbia. Il est membre du collège international de Philosophie de Paris et membre fondateur de la Fondation d’Architecture de Londres. Pedro Cabrita Reis est sans conteste l’un des artistes contemporains les plus internationaux du Portugal !

 

Artiste complet, Pedro Cabrita Reis est un peintre de la matière, brute ou issue de matériaux de récupération, qui entre ses mains prend une forme tridimensionnelle.
Qu’il utilise la photographie, la sculpture, la peinture, c’est la matière qui l’intéresse. Celle qui va au-delà des apparences du réel, qui s’inscrit dans l’espace, le structure. Déconstruire pour donner à voir la nature profonde.
Entrer en résonnance, comme ses Trois Grâces entrent en résonnance avec les œuvres du Louvre mais répondent aussi aux statues classiques ou modernes, du Jardin des Tuileries.
L’intégration d’œuvres d’art dans l’espace public est une question qui interpelle Pedro Cabrita Reis : «La place publique c’est le début de tout le processus historique et ça inclue aussi l’expérience de l’œuvre d’art. Pour moi c’est toujours un défi en permanence le rapport avec les villes, les habitants, le public et l’espace du domaine public. Les œuvres d’art sont alors dans un rapport direct avec ceux qui passent, ceux qui regardent, ceux qui s’arrêtent, ceux qui continuent, ceux qui portent dans leur mémoire l’image de l’œuvre qu’ils ont vu. C’est peut-être la façon la plus créative, la plus profonde, la plus énergique de faire venir la production artistique au public, de la proposer là où les gens se croisent. »

Les Trois Grâces ont été installées au Jardin des Tuileries le 26 janvier 2022. Elles seront inaugurées officiellement le 12 février, pour l’ouverture de la Saison France-Portugal 2022.

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