Manuela Marques fait preuve de patiente ténacité. Chez cette photographe vidéaste, pas de cliché pris à la volée, pas d’évidence ou de hasard mais, couche après couche, à l’image de la nature qui se sédimente, une composition qui révèle l’invisible, le ténu, le fragile, l’intime aussi. Pas de fausses dichotomies, comme le dit sa galeriste Anne Barrault, par exemple entre lumière et ombre, présent et passé.
Et pourtant les phénomènes qu’elle réfléchit – au deux sens du terme – peuvent être spectaculaires, comme ces explosions volcaniques. Mais, en regardant ses images, c’est avant tout l’invisible qui apparait, la rencontre avec la lumière.
Observatrice de la nature, elle a passé des semaines en résidence aux Açores, entre 2017 et 2021, à l’invitation de la galerie Fonseca Macedo, pour y mener, sous la forme d’une carte blanche, un travail personnel. Photos et vidéos témoignent de cette immersion dans la nature luxuriante de l’archipel océanique.
Elle s’imprégne de ces secousses, tremblements, éruptions. Plongée dans un paysage minéral, bercée par l’Océan, elle observe, ressent, absorbe et renvoie des images pleines de poésies. La puissance de la terre, sa fragilité aussi, secouée par les séismes et ouverte par les failles des volcans, presque effacée dans les émanations des fumeroles, primaire, organique.
Ses images vibrent, sentent, secouent.
De retour en France, elle poursuit cette recherche lors d’une résidence en Bretagne, au Domaine de Kerguéhennec, travaillant à partir de carottages géologiques (ses Mottes) et de captations lumineuses (Éphémères). Le sentiment océanique encore, autrement.
Née au Portugal en 1959, Manuela Marques vit et travaille à Paris. Pour la Saison France-Portugal elle présente 3 expositions, réunies sous un titre commun Echoes of nature. Au MuMa du Havre, Répliques est issu de ses recherches aux Açores. Au Domaine de Kerguéhennec, elle propose des Lignes de faille. Le Museu Nacional De Arte Contemporânea do Chiado à Lisbonne présente l’ensemble de ce travail.
Entre ces trois expositions, entre les images qui les constituent des liens se tissent, reliées par cet océan qui unit son pays de naissance et son pays d’adoption. Ces différentes terres bordées par la même eau.
Lauréate en 2011 du prix le prix BesPhoto 2011, récompensant annuellement un artiste photographe international suite à une exposition au Museo Berardo à Lisbonne, réunissant photos et vidéos, Manuela Marques est une photographe très technique et rigoureuse. L’esthétique de la composition très précise de ses images, sa capacité à fixer le fuyant, à arrêter le temps s’allient avec une vision très romantique. « entre la mimesis artistique du lieu et l’imitation de la nature par l’art. L’observation du paysage dans Echoes of nature est aussi une rencontre entre les processus opératoires naturels et la technicité de l’image. » explique le Museu Nacional De Arte Contemporânea do Chiado
Elle est représentée en France par la Galerie Anne Barrault. Son travail photographique et vidéo a été régulièrement montré dans de nombreuses institutions aussi bien françaises qu’étrangères.
Expositions personnelles (sélection)
En 2019 ont eu lieu deux importantes expositions monographiques : Et le bleu du ciel dans l’ombre au Musée de Lodève et au Musée de la Roche-sur-Yon accompagnée d’une monographie au titre éponyme parue aux éditions Loco, et Weather Station au Arquipélago Arts Center à Sao Miguel (Açores).
En 2017, deux expositions personnelles lui sont consacrées, l’une au Musée Gulbenkian de Lisbonne, La Face cachée du soleil et l’autre au Cellier de Reims ayant pour titre La force de Coriolis.
En 2016 c’est le Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac qui accueille son travail avec La nature des choses suivie par une exposition conçue pour la manifestation L’art dans les chapelles.
En 2015 l’exposition au Château d’eau de Toulouse intitulée Isotopies est une proposition photographique reprenant 15 ans de travail.
En 2014, la Fondation Gulbenkian à Paris accueille La taille de ce vent est un triangle dans l’eau. Une monographie au titre éponyme, paraît à cette occasion aux éditions Loco.
La même année, le Centre régional de la photographie (Douchy-les-Mines, France) lui propose une exposition intitulée Backstage 2.
En 2011, suite à une exposition mêlant photographies et installation vidéo (Close-up) se tenant au Musée Collection Berardo (Lisbonne), elle reçoit le BesPhoto 2011, important prix récompensant tous les ans une artiste photographe. Dans le même temps, elle présente une exposition intitulée Temporada à Appleton Square à Lisbonne composée d’un ensemble photographique et une installation vidéo interactive, Grândola.
Toujours en 2011 au Brésil, deux expositions monographiques sont conjointement réalisées à la Estação Pinacoteca de São Paulo ainsi qu’à la Galeria Vermelho, galerie avec laquelle elle collabore régulièrement. Cette même année, elle participe également à l’Été Photographique de Lectoure ainsi qu’à de nombreuses autres expositions.
Son travail est régulièrement présenté dans les foires internationales telles que la FIAC (Paris), Paris Photo (Paris), Zonamaco (Mexico) et ses oeuvres sont présentes dans des collections publiques et privées.
En 2008, une première monographie intitulée Still Nox a été éditée aux éditions Marval.
Lignes de failles au Domaine de Kerguéhennec
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