Infos pratiques
Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson
75116 Paris
Billet d’entrée (tarif plein: 12€)
Venrissage le 19 octobre
Site web & Social media
Présentation
Considérant que l’histoire est peut-être une fiction, un chantier en construction, incessamment saccagé et réinventé, cette exposition collective est articulée en un ensemble d’expositions monographiques qui composent ses chapitres : imaginaire du pouvoir, récits et contre-récits, réalisme magique, retour au temps du mythe, fiction spéculative. Elle s’accompagne d’une programmation culturelle, d’un cycle de projections et d’une publication.
« Comment peut-on faire un film d’intervention sociale quand on veut filmer des histoires merveilleuses ? Comment filmer des fables intemporelles quand on est engagé avec le présent ? » se demande le cinéaste Miguel Gomes dans le prologue de son adaptation contemporaine des Mille et
Une Nuits (Si, comme le déclarait Roland Barthes en 1966, « les récits du monde sont innombrables », à l’heure des mensonges d’état et des faits alternatifs, de la post vérité et du storytelling management, quels récits peuvent aujourd’hui opérer une rupture agissante avec ceux de la domination ? Comment produire et diffuser des fictions envisagées comme des outils critiques d’émancipation face aux systèmes d’oppression et d’exploitation capitalistes et racistes qui constituent aujourd’hui encore la matrice de nos façons d’agir et de penser ? Comment mettre en mythes, les croyances et les désirs qui nous animent pour gagner d’autres mondes et frayer de nouveaux devenirs, individuels et collectifs ?
Ces questions cruciales que souhaite adresser cette exposition collective intitulée Shéhérazade, la nuit sont au cœur de la pratique d’artistes qui, en France et à travers le monde, convoquent les tumultes du monde contemporain par la puissance politique du récit et de l’imaginaire.
Artistes lusophones invités
Miguel Gomes
Après des études à l’École supérieure de théâtre et de cinéma de Lisbonne, Miguel Gomes (né à Lisbonne en 1972) débute sa carrière comme critique de cinéma au quotidien Público. A partir de 1999, il réalise plusieurs courts-métrages avant de passer au long en 2004 avec La Gueule que tu mérites, récit baignant dans une atmosphère de conte surnaturel d’un homme de trente ans qui refuse de grandir. Quatre ans plus tard, dans Ce cher mois d’août, Miguel Gomes puise dans le documentaire – la musique populaire dans la région de Coimbra – l’inspiration d’une fiction mettant en scène les amours contrariés d’une chanteuse de bal et de son cousin. En 2012, Tabou, poème mélancolique dans le contexte de l’achèvement de la décolonisation portugaise en Afrique, et hommage à Murnau, remporte le Prix Alfred-Bauer au Festival de Berlin et le révèle à l’international.
Pedro Neves Marques
Le travail de l’écrivain, artiste et cinéaste Pedro Neves Marques (né à Lisbonne en 1984) se concentre sur les politiques du vivant, en relation avecl’écologie, l’économie, la production culturelle et la ségrégation sociale et ontologique. Ces dernières années, il a exploré les cosmologies animistes sud-américaines afin de comprendre les transformations cosmopolitiques actuelles du capitalisme et des luttes anticapitalistes.
Ana Vaz
Ana Vaz (née en 1996 à Brasilia, Brésil – vit et travaille à Lisbonne), est une cinéaste et artiste vidéo dont le travail est souvent constituté de collages filmiques associant des images et des sons, découverts autant que produits par elle, pour ilustrer des situations et des contextes marqués par des narrations de violence et de répression. Composés tels des films-poèmes, ses oeuvres traversent des territoires et des évènements hantés par les marques indélébiles que le colonialisme a laissées sur les paysages, les humains, et toute forme de vie.
Photo : Pedro Neves Marques, YWY Searching for a Character Between East and West, 2021, photogramme, vidéo d’animation couleur, son, 8’47 », Courtesy de l’ artiste