Date(s)

14/06/2022 
26/06/2022

Lieu

75001 Paris 

Infos pratiques

Jeu de Paume
1 place de la Concorde
75001 Paris

Plein tarif 5€, tarif réduit 3,5€

Site web & Social media

Présentation

 

À Lisbonne, les bureaux de Pedro Costa (né dans cette ville en 1959) se trouvent à deux pas de la gare du Rossio, où des milliers d’hommes et de femmes, venus des quartiers pauvres et des anciennes colonies portugaises, arrivent chaque matin pour travailler dans les magasins et les chantiers du centre de la capitale. Qu’il ait ou non un film à faire, un texte ou un plan à travailler, une visite à rendre ou son aide à apporter, le cinéaste portugais prend le train dans la direction inverse, celle des quartiers où habitent ses illustres acteurs Ventura, Vitalina, Vanda, Pango ou Lento.

 

Pedro Costa part tourner au Cap-Vert dès son deuxième film Casa de Lava en 1994. Il en revient avec des lettres à distribuer aux proches venus chercher du travail à Lisbonne, et se met ainsi à fréquenter le vaste bidonville de Fontainhas. Sur le tournage d’Ossos en 1997, les projecteurs perturbent les nuits des maçons et des femmes de ménages obligés de se lever à l’aube ; un contresens pour Costa qui l’amène à repenser entièrement sa manière de faire du cinéma, si ce n’est le cinéma même. Il éteint la lumière et revient seul, parfois accompagné d’un preneur de son, filmer avec une petite caméra numérique une jeune junkie dans sa chambre, pendant que Fontainhas disparaît dans le fracas des pelleteuses. Mais il ne fait pas un documentaire : avec Vanda, il construit des scènes, du temps, des plans hiératiques, denses et implacables.

 

Alors que le quartier a laissé place à des bretelles d’autoroute, sa communauté s’est éparpillée dans des logements sociaux à la blancheur clinique (En avant jeunesse, 2007), dans d’autres bidonvilles voisins (Vitalina Varela, 2019), quand ils ne sont pas condamnés à errer dans les limbes des hôpitaux (Cavalo Dinheiro, 2014) et des terrains vagues (Tarrafal, 2007, et autres films courts). Mais le souvenir de Fontainhas et de sa communauté demeurent comme un pays rêvé, un pays de revenants si proche en vérité de celui qu’avaient su fabriquer les studios du cinéma classique, dont Costa combine l’éthique de travail quotidien avec la persévérance formelle des grands cinéastes modernes, d’Antonio Reis auprès de qui il a étudié, à Straub et Huillet qu’il a filmés dans Où gît votre sourire enfoui ? (2003). De son premier long-métrage O Sangue (1989) à son dernier film couronné du grand prix et de celui de la meilleure actrice au Festival de Locarno en 2019, le Jeu de Paume est fier de présenter l’ensemble de cette œuvre radicale et puissante, dont la dimension musicale fera l’objet d’évènements spéciaux. Co-programmateur de cette rétrospective, Pedro Costa viendra en présenter les séances avec la complicité d’invités nombreux.

Antoine Thirion

 

Né en 1959 à Lisbonne, Pedro Costa quitte ses études d’histoire pour assister aux cours du poète et réalisateur António Reis à l’école de cinéma de Lisbonne.

Son premier film Le Sang est projeté à la Mostra de Venise en 1989.

Casa de Lava, son deuxième film, tourné au Cap Vert, est présenté à Cannes, en 1994. Avec Dans la chambre de Vanda, en 2000, Pedro Costa tourne pour la première fois en petite équipe et en numérique et modifie radicalement sa méthode de production. Son dernier long-métrage Vitalina Varela obtient le Léopard d’Or pour le meilleur film et la meilleure actrice au Festival de Locarno, en 2019. En 2018, il conçoit pour le musée Serralves, à Porto un accrochage intitulé Compagnie qui juxtapose, entre autres, Théodore Géricault, Pablo Picasso, Robert Desnos ou Max Beckmann, des photographies de Jacob Riis ou Walker Evans, ses propres films ainsi que des collaborations avec Chantal Akerman, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub.

 

Photo Dans la chambre de Vanda, 2000 © Pedro Costa