Dans son exposition hóspede, Carla Filipe poursuit un processus créatif qui fait appel au contexte contemporain social, politique et historique. Ici l’artiste reprend son travail sur l’iconographie d’affiches politiques, syndicalistes ou coopératives, transformant leur graphisme et leur design avec 28 drapeaux – un pour chaque état membre de l’Union Européenne jusqu’en 2019. Les drapeaux représentent le poids des facteurs économiques dans leur relation avec l’UE, ainsi que des références historiques propres à chaque pays, pour illustrer la manière dont ils s’assemblent au sein de cette identité selon ce que Jacques Derrida appelait une ‘double mémoire’.
‘hóspede [hôte] est un mot dont l’étymologie peut aussi désigner une personne qui occupe un endroit ou un espace donné en contrepartie d’une forme de paiement. Au sein du débat sur l’hospitalité qui agite le monde de la philosophie et des pratiques artistiques contemporaines, la proposition de Carla Filipe fait de chaque état membre une entité dont la permanence demeure fragile (comme l’a récemment démontré le Brexit) et dont la relation avec l’UE est équivoque au vu de l’équilibre délicat entre des objectifs communs et des intérêts nationaux soumis à de perpétuels changements politiques selon les circonstances.
L’iconographie déviante des œuvres de Carla Filipe n’offre pas de solutions. Au contraire, elle interroge les tensions et les contradictions du présent. L’oubli des valeurs de base associées à la solidarité internationale, phénomène que l’on peut observer dans les sociétés contemporaines (y compris dans les sociétés européennes), constitue la toile de fond de cette proposition, recouvrant tout l’arc allant de l’hostilité à l’hospitalité.
L’exposition hóspede de Carla Filipe est conçue pour l’espace de la Galerie Carrée de la Villa Arson.
Commissaire : Marta Moreira de Almeida.

Carla Filipe – Née en 1973 à Vila Nova da Barquinha, Portugal.
Vit et travaille à Porto, Portugal.

Co-fondatrice de Salão Olímpico (2003-2005) et O Projecto Apêndice (2006), deux espaces indépendants d’expositions d’art contemporain situés à Porto. En 2009, Carla Filipe a reçu une bourse de la Fondation Calouste Gulbenkian pour une résidence à ACME Studios à Londres. Elle a également effectué des résidences à AIR Antwerpen (Anvers, 2014), à la Fondation Robert Rauschenberg (Captiva, Floride, 2015) et à Krinzinger Projekte (Vienne, 2017).

La liste de ses expositions individuelles comprend, parmi les plus récentes : Amanhã Não Há Arte (organisée par Luís Silva et João Mourão, MAAT, Lisbonne, 2019), É um espaço estranho e maravilhoso, o ar é seco, quente e insípido / Precarious, escape, fascination (commissaire : João Mourão et Luís Silva, Kunsthalle Lissabon, Lisbonne, 2010), Arquivo Surdo-Mudo (commissaire Zbyněk Baladrán, tranzitdisplay, Praga, 2011).

Parmi les expositions de groupe auxquelles elle a participé : Hospitalidade (commissariat de Miguel von Hafe Pérez, Hospital de São João, Porto, 2009) 12 Contemporâneos: Estados Presentes (curatée par Suzanne Cotter et Bruno Marchand, Musée d’art contemporain Serralves, Porto , 2014), Re-Discovery III (avec Ivan Kožarić, commissaire Ulrich Loock, Autocenter Contemporary Art Berlin, 2015), Le lynx ne connaît pas de frontières (commissaire Joana Neves, Fondation d’entreprise Ricard, Paris, 2015), Au Sud d’Aujourd’hui. Art Contemporain Portugais [sans le Portugal] (commissariat Miguel von Hafe Pérez, Fondation Calouste Gulbenkian, Paris, 2015) et O ontem morreu hoje, o hoje morre amanhã (un projet de Carla Filipe et Ulrich Loock, Galeria Municipal do Porto, 2018 ).
À noter également les participations à Manifesta 8 (organisée par tranzit.org, Murcie et Carthagène, 2010), à la 5e Biennale de Jafre (organisée par Carolina Grau et Mario Flecha, 2011), à la 13e Biennale d’Istanbul (organisée par Fulya Erdemci , 2013), à la 32e Biennale de São Paulo (organisée par Jochen Volz, 2016) et à la 4e Biennale d’art contemporain de l’Oural Industriais (organisée par João Ribas, 2017).

Carla Filipe a conçu et publié notamment Un guide illustré du chemin de fer britannique pour mon étude (édition de l’auteur, 2010), As primas da Bulgária (Kunsthalle Lissabon, Lisbonne, 2013) et Boletim CP (Editorial Concreta, Valencia, 2013).

En 2014, le Museu Coleção Berardo et l’éditeur Archive Books ont publié sa première monographie, à l’occasion de l’exposition da cauda à cabeça (commissariat Pedro Lapa, Museu Coleção Berardo, Lisbonne, 2014).
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Marta Moreira de Almeida
Née en 1968, à Porto, Portugal.

Directrice adjointe du musée Serralves depuis 2018. Diplômée en histoire de l’art de l’Université de Porto. Elle travaille au Département des Beaux-Arts de la Fondation Serralves depuis 1991 en tant que commissaire, après avoir repris la coordination de ce département entre 1995 et 2017.
En 1999, elle a joué un rôle clé dans l’organisation de l’exposition inaugurale du Musée Serralves, Circa 1968.

Entre 1999 et 2000 elle a enseigné les «Etudes de la composition», dans le cadre du diplôme de Son et Image de l’Université catholique de Porto, et «Organisation de la programmation et des expositions» au sein du troisième cycle en art contemporain de l’École d’art de l’Université catholique de Porto en 2007.
Marta Almeida a contribué, en tant que responsable de la muséologie, à l’élaboration de plusieurs projets architecturaux dirigés par les architectes Isabel Furtado et João Pedro Serôdio, Luís Tavares Pereira, João Mendes Ribeiro / Francisco Vieira de Campos et Cristina Guedes.

Projects curatoriaux (sélection): Arte Portuguesa dos Anos 70 aos Anos 90 na Colecção da Fundação de Serralves (exposition itinérante, 1998/99); Na Paisagem (exposition itinérante, 2002/03); Le travail spécifique au site et au temps de Maria Nordman au Parc de Serralves, co-comissaire avec Vicente Todolí (2001); Um lugar no mundo: Pedro Cabrita Reis à l’Instituto Açoriano de Cultura à Angra do Heroísmo (2002); 6 = 0 Homeostética au Musée Serralves (2004); Maria Nordman au Musée Serralves (2007); Projet Presentation of Political Advertisement VII par Antoni Muntadas et Marshall Reese au Musée Serralves (2008); Collections privées Pedro Cabrita Reis au Palácio da Galeria de Tavira (2009); Jorge Martins: A Substância do Tempo au Musée Serralves (2013); Helena Almeida: a minha obra é o meu corpo, o meu corpo é a minha obra au Musée Serralves (2015), Jeu de Paume, Paris et Wiels, Bruxelles (2016), IVAM, Valence (2017); Através de… Ana Vieira na Coleção de Serralves à la Casa de Serralves (2018); Pedro Costa (Companhia) au Musée Serralves (2018); Tacita Dean au Musée Serralves (2019); Paula Rego. Grito da Imaginação à Casa de Serralves (2019); Cabrita. Un regard itinérant au Musée Serralves (2019); Hugo Canoilas: Cnidarian polyps repaired by the eye of the observer (2020).

Marta Almeida travaille actuellement sur deux projets d’envergure avec les artistes João Maria Gusmão et Pedro Paiva, dont l’exposition ouvrira en juin 2021 au Musée Serralves, et avec l’artiste Carla Filipe.

Vernissage le 14 mai 2022 – Ouverture au public le 15 mai 2022

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© courtesy of Carla Filipe