Date(s)

17/03/2022 
31/03/2022

Lieu

Paris 

Infos pratiques

Différents lieux dans Paris

Fondation Jerôme Seydoux-Pathé
Cinéma Le Saint André des Arts
La Maison du Portugal

Site web & Social media

Présentation

Le festival L’Europe autour de l’Europe, créé et dirigé par Irena Bilic, c’est chaque année une sélection de cent films d’art et d’auteur de la Grande Europe (47 pays). La 17e édition du Festival, qui se tiendra à Paris du 17 au 31 mars 2022, propose une programmation exceptionnelle qui permet de découvrir les Imaginaires Coloniaux forgés par le cinéma portugais.

Vingt films qui depuis un siècle ont mis en scène et en images la longue histoire de “l’Empire” : les Découvertes, l’expansion coloniale, l’exploitation et la domination salazaristes et enfin la guerre contre les indépendantistes (1961-74).

Conçue par l’auteure et réalisatrice Ariel de Bigault, cette Mostra est réalisée grâce au concours de la Cinemateca Portuguesa-Museu do Cinema, dirigée par José Manuel Costa, qui prête nombre de ces films, dont plusieurs sur pellicule, jamais montrés en France.

C’est un parcours dans la fabrique cinématographique d’histoires du colonialisme. Celles de la domination et de la supériorité européenne ; celles de l’exploitation violente, de l’idéologie falsificatrice, de l’oppression des peuples ; celles des paradoxes et des contradictions. Elle interroge les mises en scène, les perspectives, les regards, les attitudes à l’égard de l’autre.

Quatorze courts et moyens métrages documentaires montrent, de film et film, les constructions et les évolutions de l’idéologie impérialiste. Les premiers films muets surprennent par les regards curieux sur ces contrées qu’ils découvrent. Les documentaires des années 40-50, notamment ceux d’Antonio Lopes Ribeiro, cinéaste majeur de l’Estado Novo de Salazar, prônent la mission civilisatrice blanche imposant sa supériorité à des peuples de riches et fortes traditions. Lorsqu’à partir de 1961 les indépendantistes prennent les armes, le régime adopte une attitude jusqu’au-boutiste et produit des films comme celui du Français Jean Leduc, de propagande d’une identité portugaise inclusive et universelle. En opposition, Joaquim Lopes Barbosa a l’audace de réaliser une fiction iconoclaste dénonçant l’exploitation des paysans africains. Cette perle rare, interdite par la censure, est présentée pour la première fois en France.

Après les indépendances africaines (1975), le cinéma portugais reste assez silencieux sur le passé colonial. Les longs métrages présentés ici sont réalisés par différentes générations de cinéastes, avec des perspectives très diverses. Actes de la Guinée-Bissau de Fernando Matos Silva conte l’apocalypse de l’empire. Avec Non ou la Vaine de Commander, Manuel de Oliveira expose sa vision de l’histoire du Portugal. Margarida Cardoso dissèque la consomption de la domination coloniale. Une nouvelle génération remet en question une histoire et une identité forgées de mythes impérialistes. Hugo Vieira da Silva évoque l’expansion en Afrique et Ivo Ferreira revient sur la guerre en Angola. Ariel de Bigault, explore dans Fantômes d’un Empire ces 100 ans de cinéma colonialiste et anticolonialiste, avec la participation de plusieurs cinéastes.

Alors que des cinéastes de divers pays interrogent à nouveau le passé colonial européen, cette rétrospective du patrimoine portugais ouvre des pistes de réflexion sur le rôle du cinéma dans la construction d’imaginaires d’hier et d’aujourd’hui, partagés au-delà des frontières.

LES LIEUX DE LA MOSTRA

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Le cinéma Saint-André des Arts
La Maison du Portugal
La Filmothèque du Quartier Latin

Les projections seront suivies de débats avec les réalisateurs Fernando Matos Silva, Ivo Ferreira, Ariel de Bigault, les responsables de la Cinemateca Portuguesa – Museu do Cinema, José Manuel Costa et Tiago Baptista, ainsi que Denis Leduc, fils du réalisateur Jean Leduc, et des chercheurs et des créateurs français et portugais.

LES INVITÉS

Ariel de Bigault
Le parcours cinématographique de l’auteure et réalisatrice française Ariel de Bigault, commencé à Lisbonne, explore les cultures lusophones. Éclats Noirs du Samba (1987) célèbre la création afro-brésilienne. En Afrique, elle a réalisé Canta Angola (2000) sur la musique populaire de ce pays meurtri, et des disques qui ont contribué à la diffusion des musiques urbaines du Cap Vert et de l’Angola. Afro Lisboa (1996), prix du Meilleur Documentaire portugais au Festival international de documentaires de Lisbonne, et Margem Atlântica (2006) ont révélé des visages et des voix de diverses générations de l’immigration africaine. Elle a conçu la Mostra Imaginaires Coloniaux, dans la continuité de son long métrage Fantômes d’un Empire (2020), qui interroge un siècle de représentations cinématographiques du colonialisme.

José Manuel Costa
Directeur de la Cinemateca Portuguesa-Museu do Cinema, José Manuel Costa, qui travaille à la Cinemateca Portuguesa depuis 1975, a été l’artisan de la création des Archives Nationales des Images en Mouvement (ANIM) et de sa “Collection coloniale”. Il a été membre du Comité exécutif de la FIAF (Fédération Internationale des Archives de Films) et Président du Comité Exécutif de l’ACE (Association des Cinémathèques Européennes). Il a co-fondé puis dirigé de 2000 à 2010 Doc’s Kingdom – Séminaire International de Cinéma documentaire. Professeur à la Faculté de Sciences Sociales et Humaines de l’Universidade Nova à Lisbonne, il a publié des écrits sur les cinémas portugais, chinois et indien et est auteur ou co-auteur de monographies sur de grands documentaristes.

Tiago Baptista
Directeur de l’ANIM, les Archives de la Cinemateca Portuguesa, Tiago Baptista est membre du Comité exécutif de la FIAF. Il est Docteur Film and Screen Media de l’Université de Londres et chercheur à l’Institut d’Histoire contemporaine (IHC NOVA FCSH) de Lisbonne.

Fernando Matos Silva
Réalisateur, monteur et producteur, Fernando Matos Silva, né en 1940, est l’auteur d’une vingtaine de longs-métrages documentaires et fictions. Il étudie à la London Film School, est l’assistant des jeunes cinéastes du Cinema Novo, Paulo Rocha et Fernando Lopes, et s’engage dans la lutte anti-salazariste. En 1969 il est envoyé sur le front. Les images qu’il tourne clandestinement en Guinée-Bissau seront le point de départ d’Actos dos Feitos da Guiné, réalisé dix ans plus tard. Son premier long-métrage de fiction, O Mal Amado (1973) est interdit par le régime. Il est le premier à filmer les principaux événements du 25 avril 1974 et s’engage sur le front des luttes et du cinéma, avec des documentaires qui auscultent la société portugaise en pleine transformation. Plusieurs de ses longs-métrages – Meu Nome É… (1978), A Guerra do Mirandum, 1981, Ao Sul (1995), O Meu Avo Republicano, 2012 – évoquent des moments importants de l’histoire du Portugal.

Ivo Ferreira
Réalisateur et auteur, Ivo Ferreira, né en 1975, part à 18 ans pour Macao, où il résidera pendant près de vingt ans. Il réalise plusieurs courts et moyens métrages dans la ville sino-portugaise mais aussi en Angola et sur l’île de São Tomé. Il tourne son premier long métrage de fiction Em Volta (2001) en Afrique et en Orient puis Aguas Mil (2009) qui revient sur les désillusions de la Révolution des Oeillets de 1974. Son troisième long métrage Lettres de la Guerre, adapte les Lettres qu’Antonio Lobo Antunes, alors médecin militaire sur le front en Angola, a envoyé à sa femme. En compétition à la Berlinale 2016, le film a remporté au Portugal 9 Prix Sophia et le Globo de Ouro de meilleur film. Hôtel Império (2019), son dernier long-métrage, est une sorte d’adieu à Macao.

PROGRAMME

19 mars, 14h – Fondation Jérôme Seydoux-Pathé – Ouverture
Les premiers films muets
Macau – Cidade Progressiva e Monumental (Macao), Manuel Antunes Amor, 1923.
Angola – Exposição Provincial, Agrícola, Pecuária e Industrial (Angola – exposition provinciale, agricole et industrielle), auteur inconnu, 1923.
São Tomé Agricola e industrial (São Tomé agricole et industrielle), Augusto Seara, 1929
Festejos em Lourenço Marques pela passagem dos territórios do Niassa para a posse do Estado (Fête à Lourenço Marques), Fernandes Tomaz, 1929.
Guiné – Aspectos Industriais e Agricolas (Guinée-Bissau – Aspects Industriels et Agricoles), Augusto Seara, 1929.
Acção Colonizadora dos Portugueses (Action Colonisatrice des Portugais), António Antunes da Mata, 1929.
Guiné, Aldeia Indígena em Lisboa (Guinée, Village Indigène à Lisbonne), Agência Geral das Colônias, 1931.

19 mars 18h – Le Saint-André-des-Arts
Propagandes Coloniales 1 (1940-1956)
Gentes que Nós Civilizámos (Les peuples que nous avons civilisés), António Lopes Ribeiro, 1944.
Guiné, Berço do Império 1446-1946 (Guinée-Bissau, Berceau de l’Empire 1446-1946), António Lopes Ribeiro, 1946.
Beira, Felipe de Solms, 1950.
Macau, Joia do Oriente (Macao, joyau oriental), Miguel Spiguel, 1956.

20 mars 15h – Le Saint-André-des-Arts
Fantômes d’un Empire / Fantasmas do Império, Ariel de Bigault, 2020.

21 mars 19h – Le Saint-André-des-Arts
Avant-poste du progrès / Posto Avançado do Progresso, Hugo Vieira da Silva, 2016.

22 mars 19h – Le Saint-André-des-Arts
Acto dos Feitos da Guiné (Actes de la Guinée-Bissau), Fernando Matos Silva, 1980.

23 mars 19h – Le Saint-André-des-Arts
Angola, Decisão de Continuar (Angola, Décidés à rester), Vasco Hogan Teves, 1962.
Lettres de la guerre / Cartas da Guerra, Ivo Ferreira, 2016.

24 mars 16h – La Maison du Portugal
Propagandes Coloniales 2 (1971-73)
Beira, Porta Turistica de Moçambique (Beira Porte Touristique du Mozambique), Miguel Spiguel, 1973.
Le Portugal d’Outre-Mer dans le monde d’aujourd’hui, Jean Leduc, 1971.

24 mars 19h – Le Saint-André-des-Arts
Deixem Me au Menos Subir às Palmeiras (Laissez-moi au moins grimper aux palmiers), Joaquim Lopes Barbosa, 1973.

25 mars 19h – Le Saint-André-des-Arts
Le Rivage des murmures / A Costa dos Murmúrios, Margarida Cardoso, 2004.

30 mars – La Filmothèque du Quartier Latin (séance à confirmer ultérieurement)
NON ou la Vaine Gloire de commander / NON ou a Va Gloria de Mandar, Manoel de Oliveira, 1990

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