Victoire di Rosa


Commissaire générale pour la France de la Saison France-Portugal 2022

Quels sont les enjeux de cette Saison France-Portugal 2022 ?
Les enjeux sont multiples : dans la relation politique bilatérale, je dirais que cette Saison nous permet de renforcer les liens et la volonté commune d’agir ensemble en Europe pour la préservation des Océans, pour l’Égalité Femme-Homme, pour construire l’Europe du futur.
Dans la relation culturelle, la Saison a permis de tisser des liens, de faire des rencontres réciproques et nous espérons que cette méthode de co-construction permettra de continuer la coopération sous toutes ses formes dans les prochaines années.
Nous espérons que ce moment exceptionnel entre nos deux pays permettra de

  •  célébrer la diversité et la créativité des talents français et portugais : artistes, entrepreneurs, scientifiques, tous ceux qui font la richesse de nos deux pays ;
  • découvrir des oeuvres exceptionnelles et rares qui nous font rêver et qui nous inspirent;
  • écouter les jeunes français, portugais, européens et nous laisser surprendre par ce qu’ils ont à nous dire ;
  • réfléchir, débattre, échanger nos expériences et trouver des solutions ensemble aux défis de demain

La Saison s’articule autour d’axes forts, pourquoi avoir fait ce choix ?
Étant donnée la proximité historique, culturelle, économique avec le Portugal, il nous a semblé juste de profiter de cette Saison pour parler de sujets importants que partageons, d’adresser des problématiques qui intéressent les jeunes de nos pays : la bio-diversité, la transition écologique, l’égalité de genre, les langues française et portugaise, l’Europe. Ces grands thèmes ont aussi été des critères de sélection des projets pour donner à la Saison cette identité particulière que nous avons recherché avec Manuela Judice, mon homologue portugaise : le sentiment océanique. C’est un sentiment poétique et politique comme pourrait le dire le Président de la Saison Emmanuel Demarcy-Mota, car il inspire les artistes mais il nous donne aussi la responsabilité d’agir ensemble pour sa préservation.
Avec le Forum Océan des 2, 3 et 4 mars 2022, organisé par le Museum d’Histoire Naturelle et MARE (Lisbonne), la Saison permettra au public d’avoir accès aux plus récentes découvertes scientifiques touchant aux interaction Océan/Climat, grâce à la participation des meilleurs scientifiques portugais, français et européens.

La Saison s’inscrit dans la continuité des présidences portugaise et française du conseil de l’union européenne, pensez-vous qu’une saison entre deux pays européens puisse renforcer une identité commune européenne ? Quelle place pour l’Europe dans la Saison ?
L’Europe est présente dans de nombreux projets de la Saison et d’abord avec la présence d’expertes et de scientifiques européens dans les deux grands Forums Océan (2au 4 mars à Paris) et Égalité (9 et 10 mars à Angers) qui sont également inscrits dans le programme de la Présidence du Conseil de l’UE. Je peux citer également les projets : exposition « Europa Oxala ! » à la Gulbenkian, le Festival Europavox, ou tout le programme de la Maison du Portugal à la Cité universitaire internationale qui va mobiliser les étudiants européens pendant toute la Saison.

Comment qualifieriez-vous les relations entre la France et le Portugal ou entre plutôt les Français et les Portugais ?
Elles sont multiples, très diverses et très riches, à toutes les échelles.
La Saison met en lumière des relations multiformes et très vivantes qui existent entre France et Portugal : entre de grandes institutions culturelles françaises et portugaises, Théâtres, Festivals, Musées, mais aussi entre école d’art, entre organismes scientifiques, entre villes jumelées, entre départements et universités, entre entreprises, entre artistes et réseaux de résidences, etc. C’est ce qui a permis de construire le programme ensemble avec des co-productions, des collaborations, des échanges de programmation, des invitations de commissaires. Pratiquement tous les domaines de cette relation sont illustrés dans la Saison : sciences, recherche, éducation, tous les arts, la gastronomie, le patrimoine et la création contemporaine, l’art de vivre, la gastronomie bien-sûr, l’économie, l’innovation, les industries culturelle et les sports !

Comment avez-vous construit la programmation avec votre homologue, Manuela Júdice la commissaire portugaise et le président Emmanuel Demarcy Mota ?
Nous l’avons construite dans des conditions exceptionnelles, en concertation permanente, en prenant toutes les décisions ensemble, en la voulant séduisante, utile, proche des préoccupations des jeunes.
Nous nous sommes appuyés sur le désir réciproque des acteurs culturels, scientifiques et économiques de nos deux pays pour construire des projets un peu exceptionnels ensemble.

Quels sont les temps forts de la Saison ?
Difficile de faire un choix mais l’ouverture sera belle avec un concert de Maria João Pires à la Philharmonie de Paris le 12 février, un magnifique concert des Voix lusophones au Théâtre du Châtelet le dimanche 13 février, et à Lisbonne le mercredi 16 février, le vernissage de la grande exposition dédiée à Gérard Fromanger, première rétrospective depuis son décès en 2021. Dès le 18 février, Phia Ménard présentera son travail au Théâtre Municipal de Porto. Je peux citer également l’exposition de Pedro Costa, Rui Chafes et Nozolinho et toute la programmation de spectacles vivants au Centre Pompidou, l’exposition Shéhérazade au Palais de Tokyo en hommage au cinéaste Miguel Mendes, la présentation de l’œuvre Ça ira-Fin de Louis à Lisbonne en fin de Saison au théâtre National Dona Maria II de Lisbonne, mais aussi l’engagement et la participation de villes ou Métropoles comme Bordeaux, Rouen, Toulon qui ont prévu de très riches programmes multidisciplinaires. Le Portugal sera l’invité d’honneur du Festival d’Histoire de l’art à Fontainebleau, il sera également à l’honneur pour les Rendez-vous de l’Histoire de Blois ainsi que du Festival International de géographie de St-Dié des Vosges. La Casa do cinema de Manoel de Oliveira à Porto présentera la première exposition personnelle d’Agnès Varda au Portugal, comprenant à la fois des œuvres plastiques et une rétrospective de ses films. En science, le CNES et Portugal Space se sont associés pour plusieurs projets destinés au grand public en France et au Portugal, la Saison accueille aussi un projet d’astronomie pour les bébés. Le MUCEM reçoit en 2022 le formidable Festival d’art urbain lisboète Iminente. Le Festival Rio Loco de Toulouse recevra le Portugal sur les bords de la Garonne avec le programme multidisciplinaire « nova Onda », la Villa Tamaris à Hyères montrera la jeune génération de photographes portugais et le travail de l’artiste Bela Silva. Le musée Cantini de Marseille présente une magnifique rétrospective de l’artiste Vieira da Silva et le Centre d’art Olivier Debré de Tours l’exposition « Tout ce que je veux » composée uniquement d’artistes portugaises.
Ce n’est qu’une infime partie du programme : je vous invite à découvrir tous les projets enthousiasmants des nombreux artistes qui participent à la Saison : sur http://saisonfranceportugal.com pour le programme en France et aussi https://temporadaportugalfranca.pt/ pour le programme au Portugal.

Et après ? Qu’aimeriez vous qu’il reste de la Saison ?

Des amitiés, des rencontres, des découvertes qui donnent envie d’aller plus loin qu’une saison et d’inventer d’autres projets communs. Que la relation sorte renforcée et se prolonge après la Saison en quelque sorte…

Que peut-on vous souhaiter à la veille du lancement de cette Saison ?

Que la pandémie s’éloigne et que nous puissions prendre le temps pour nous retrouver et partager des moments de convivialité, et d’autres moments pour rêver, pour apprendre, pour découvrir des œuvres exceptionnelles.

 

 

 

 

 

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